Projet d’hôpital à La Rochelle : Tony Loisel se dit ouvert au débat, soutenu par 15 maires de l’agglomération

Ce vendredi, Tony Loisel, le maire d’Aytré, accompagné de plusieurs de ses collègues de l’agglomération de La Rochelle, a organisé une conférence de presse en réponse à celle tenue une semaine plus tôt par Jean-François Fountaine, président de l’agglo, au sujet de l’unité autour du choix du site du futur hôpital. Le maire d’Aytré a ouvert la porte aux discussions, se disant notamment favorable à un débat sur le choix du site, à condition que certaines garanties soient respectées.

Tony Loisel accompagné de 6 maires de l'agglomération de La Rochelle ce vendredi en conférence de presse | TL - INF la Rochelle
Tony Loisel accompagné de 6 maires de l'agglomération de La Rochelle ce vendredi en conférence de presse | TL - INF la Rochelle

Une semaine après la conférence de presse de Jean-François Fountaine à l’hôpital de La Rochelle sur l’urgence d’une unité autour du site de DBMA, et après avoir critiqué le comportement du maire d’Aytré, Tony Loisel, ce dernier a contre-attaqué ce vendredi avec le même procédé.

Accompagné de six maires de l’agglomération de La Rochelle et de plusieurs élus de sa commune, celui qui est maire d’Aytré depuis 2020 a souhaité taper fort, avec un discours peaufiné jusqu’au moindre détail. « Je suis absolument d’accord avec mon homologue rochelais… Le moment est capital pour définir l’avenir d’un équipement de santé essentiel à notre région », explique l’élu, faisant référence au discours alarmiste du président de l’agglomération sur l’urgence d’accueillir un nouvel hôpital sur le territoire. Sinon, il faut dire que les points d’accord sont difficiles à trouver entre les discours de Fountaine et Loisel.

Jean-François Fountaine, accompagné de la directrice du groupe hospitalier, d'élus et de membres de l'hôpital, après le vote de la motion appelant à l'unité autour du projet | TL - INF La Rochelle
Jean-François Fountaine, accompagné de la directrice du groupe hospitalier, d'élus et de membres de l'hôpital, après le vote de la motion appelant à l'unité autour du projet | TL - INF La Rochelle

Même si la rivalité entre les maires des deux communes ne se résume pas qu’à l’hôpital, depuis la visite de François Bayrou à La Rochelle, elle a pris un nouveau tournant. Pour rappel, le maire d’Aytré est intervenu face au premier ministre lors de sa visite le 14 mars dernier durant une réunion avec des maires à la préfecture, pour défendre le site de Varaize pour le futur centre hospitalier. Alors que quelques minutes plus tôt, le maire de La Rochelle lui discutait à l’hôtel de ville avec le chef du gouvernement sur la nécessité du financement du nouvel hôpital, mais probablement en défendant le site de DBMA.

Des positions distinctes, qui ont rendu confuse le gouvernement et qui pourrait mettre en péril son soutien pour le financement de l’établissement, comme le craignait Jean-François Fountaine vendredi dernier, qui avait alors dénoncé un show inacceptable de son homologue d’Aytré.

"Le match n'est pas fait, les équipes sont sélectionnés mais il nous reste à choisir le terrain"

« Nous avons besoin d’une vision collective de long terme et non pas d’opportunité… Après avoir perdu plusieurs années en visant une implantation contrainte sur le site du parc des expositions de La Rochelle, écartée par un courrier de l’Agence Régionale de Santé […] Aytré s’est alors portée candidate avec le site de Varaize. Le conseil de surveillance a décidé, sans réelle concertation, de choisir le site de DBMA et sans associer la ville d’Aytré », déplore Tony Loisel, dénonçant un manque d’écoute et de communication au niveau de l’agglomération et de diverses instances. Un sentiment qui semble partagé par les maires présents autour de lui, qui siègent également au conseil communautaire.

Cependant, le maire d’Aytré reste confiant et veut continuer à croire au site de Varaize avec ses soutiens, indiquant même durant la conférence qu’il est persuadé que l’hôpital sera construit un jour à Varaize : « Le président de la communauté d’agglomération demande de ne pas refaire le match, au risque de perdre le financement du nouvel hôpital. Sauf que le match n’est pas fait, les équipes sont sélectionnées mais il nous reste à choisir le terrain.«

Quinze maires de communes de l’agglomération ont signé une pétition demandant ainsi à écouter le maire de la commune et à favoriser le choix du site de Varaize. Le député Olivier Falorni serait également un soutien, indique Tony Loisel : « Monsieur Falorni me suit beaucoup, je crois qu’il s’exprimera dans les jours qui suivent. » 

Pas de retour cependant d’autres élus influents du département, comme Benoît Biteau par exemple, qui est député de la 2ᵉ circonscription de Charente-Maritime et qui devrait s’exprimer à travers un communiqué, expliquait son équipe vendredi dernier. La présidente du département, Sylvie Marcilly, n’a pas souhaité prendre position sur le choix du site, mais a réaffirmé l’importance du futur hôpital pour le département, déplorant également le fait que François Bayrou n’ait pas réaffirmé la nécessité de l’hôpital pour l’État et pour le territoire, comme le relatait nos confrères d’ICI la Rochelle lundi dernier.

Les urgences de l'hôpital Saint-Louis de la Rochelle | TL - INF la Rochelle
Les urgences de l'hôpital Saint-Louis de la Rochelle | TL - INF la Rochelle

Une union possible mais avec des conditions

Malgré sa certitude sur le choix de Varaize, Tony Loisel est prêt à des discussions et à une union derrière DBMA afin de ne pas bloquer le dossier, comme on le lui reprocherait, avec plusieurs conditions cependant :

  • Des Constructions raisonnables en hauteur, respectueuses du quartier et accompagnées de concertations avec les habitants

  • Le fait que le stationnement et circulation généré par le futur hôpital n’impacteront pas les quartiers nords ni impacter l’avenue Simone Veil

  • Le bruit généré par l’établissement, et les moyen de secours, n’impacteront pas les habitants
  • La construction d’un établissement de santé à proximité directe d’un site classé ICPE ne pose aucun problème de sécurité.
  • Garantie de la création d’une halte TER, au cœur du futur équipement, dans les deux sens de circulation, afin de ne pas exclure les territoires éloignés
  • Le futur site pourra s’étendre suffisamment pour permettre les agrandissements indispensables, avec la possibilité d’un passage en CHU

  • Une vision à long terme et cohérente sur les 40, 50, voire 80 prochaines années, avec un budget réaliste au regard des enjeux

« Le site de DBMA offre-t-il toutes ses garanties ? Si oui, j’attends des réponses précises à toutes ces questions, dans une prospective concertée. Aujourd’hui, personne ne les apporte », constate Tony Loisel, qui enchaîne : « Sinon, il serait peut-être temps d’étudier une implantation sur le site de Varaize […] Cela ne devrait pas être perçu comme un risque, mais bien comme une démarche constructive et nécessaire pour prendre la meilleure décision. […] Cette ouverture au débat est essentielle pour garantir des choix éclairés dans l’intérêt de tous« , constate le maire, qui en a profité pour répondre à l’argument selon lequel le site ne serait pas constructible.

Effectivement, selon ses dires, il ne serait pas en zone agricole, mais dans une zone 2AUx et constructible à court terme, dans une dizaine d’années, suffisant simplement de changer le PLU (Plan local d’urbanisme).

"Pour moi le projet n'est pas en péril"

La discussion, voire le débat, paraît compliquée aujourd’hui entre le maire de La Rochelle, qui reste sur la position du site de DBMA, avec ses arguments qui sont recevables dans les 2 camps. Le dialogue reste cependant possible explique Tony Loisel : « On a essayé plusieurs fois de lancer le débat et d’avoir des échanges, mais pour l’instant, fin de non-recevoir… […] J’ouvre la porte aujourd’hui, en disant ok, on choisit DBMA, on nous impose d’être alignés les uns derrière les autres. Je veux les garanties que le site de DBMA remplit tout.«

Il reste cependant persuadé que le site actuellement choisi par le conseil de surveillance n’est pas le bon : « On l’a étudié à la mairie, on sait que Varaize coche tout », tout en affirmant plus tard en réponse à une question : « Si DBMA remporte toutes les objections et fait tomber toutes les barrières, on est capables de revoir nos positions.«

Pendant combien de temps cette situation pourrait-elle durer ? Pour le maire d’Aytré, et contrairement à l’avis de Jean-François Fountaine, le futur hôpital ne serait pas menacé : « Pour moi, le projet n’est pas en péril, on a perdu plus de 6 ans avec un entêtement sur le site de la foire expo. Un projet de 50 à 80 ans ne se décide pas avec un courrier de l’Agence régionale de Santé […] On ne fait pas n’importe quoi avec l’argent public », mentionnant un projet de 900 millions, voire un milliard d’euros. Il assume même de perdre 1 à 2 ans avec le conflit autour du choix du site : « On est tous persuadés ici que Varaize sera construit un jour. » Tony Loisel ne veut cependant, pour l’instant, pas aller sur le terrain judiciaire en saisissant le tribunal administratif.

À un an des élections municipales, qui remettront également en jeu la présidence de l’agglomération, il serait peut-être dans l’intérêt des deux maires voisins, et plus globalement de ceux de l’agglo, notamment ceux qui se représentent en 2026, de s’accorder autour d’un projet commun sur le site du futur hôpital. D’autant plus que les médecins de Saint-Louis sont relativement inquiets de l’état de l’hôpital et des capacités d’accueil, qui risquent d’être dépassées dans les prochaines années avec le vieillissement et l’augmentation de la population sur le territoire. Si cette discorde continue autour du choix du site, il est fort probable que l’État n’accorde pas de financement, et tout le monde sera alors tenu responsable de l’échec. Comme le déplorait un élu à la fin de la conférence, un appel ou un message serait plus rapide pour régler la situation que des articles de presse interposés…

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