62 ans après son décès, le nom d’Henri Bonnin, un policier rochelais, a enfin été inscrit sur le monument aux morts du commissariat de La Rochelle. Un oubli qui avait poussé les enfants du défunt à lancer des démarches auprès du commissariat pour faire reconnaître leur père.
C’est un oubli peu courant, qui peut paraître même surprenant. Comment le nom de Henri Bonnin n’était-il pas sur le monument des policiers morts pour la France jusqu’à ce 23 mai 2025 à l’occasion d’une cérémonie ? Ce sous-brigadier au sein du Corps Urbain de La Rochelle, l’équivalent de la police nationale aujourd’hui, a été percuté par un automobiliste dans la nuit du 25 septembre 1962 avant de décéder cinq semaines plus tard de ses blessures, le 7 novembre, comme le relate son fils Jean-Jacques. Celui qui vit désormais à Lyon a vécu ce décès comme un véritable traumatisme, d’autant qu’à l’époque, il n’avait pas pu assister à l’enterrement de son père.
« Il était sur un constat sur le pont Saint-Maurice. Il y a eu un suraccident quand une voiture est venue heurter la moto accidentée, qui a été projetée sur notre père. Il a été hospitalisé et opéré, il avait une fracture ouverte à la jambe. Ils l’ont soigné et il est rentré à la maison […] Puis 5 semaines après, alors qu’il dormait dans ma chambre pour des circonstances médicales, je l’ai retrouvé mort en pleine nuit » raconte Jean-Jacques. Sa fille Jacqueline également présente à la cérémonie et la découverte de la plaque, explique qu’il est décédé d’une embolie, car la médecine n’était pas aussi avancée que maintenant et la plaie avait été mal refermée.
Une libération pour la famille
Par la suite, Jean-Jacques a rassemblé, au décès de sa mère en 2004, tous les dossiers autour de son père, avant de reconstituer sa vie avec des documents officiels, mais également des articles de presse qui relatent l’accident. Il s’est aperçu un jour que le nom de son père n’était pas sur la plaque commémorative des policiers décédés pour la France au commissariat de La Rochelle, à l’époque place de Verdun. Il a alors souhaité qu’on sache de quelle manière est parti Henri Bonnin et qu’il ait une reconnaissance officielle de la part de l’État, ce qui aiderait également sa famille à faire le deuil, explique le fils du policier, très ému avec les larmes aux yeux.
Grâce à un heureux hasard, la police va entendre parler de son histoire et va prendre son dossier afin de l’étudier comme l’indique Myriam Akkari, directrice de la DIPN (Direction interdépartementale de la police nationale) en Charente-Maritime. Après s’être assurée que l’affaire rapportée était véridique, ce qui a été vérifié en quelques semaines, elle a tenu à réparer cette erreur et a envoyé une lettre le 4 novembre dernier à la famille afin de s’excuser et de les informer qu’Henri Bonnin serait inscrit sur le monument aux morts du commissariat de La Rochelle.
« Pour moi, c’était important, ça a été un grand soulagement », confie Jean-Jacques, qui a eu beaucoup de baume au cœur ce vendredi lors de la découverte de la plaque, à l’occasion d’une cérémonie de remise des médailles au commissariat. « C’est notre manière de lui rendre hommage à nous […] On est tellement heureux et satisfaits de ça, on peut enfin être bien et dans notre peau […] Je peux enfin faire mon deuil », raconte son fils, décrivant son père comme quelqu’un qui aimait beaucoup son métier et qui s’occupait énormément de ses cinq enfants.