L’exercice « Éole », qui simule l’arrivée d’une tempête et de submersions sur l’agglomération de La Rochelle, a débuté ce mercredi à 14h avec une phase de préparation. Ce dispositif, inédit en France, a permis d’identifier les premiers couacs dans l’organisation, en amont de la journée de post-événement prévue ce jeudi.

Vieux-Port fermé à la circulation avec d’imposants dispositifs anti-submersion, certains axes dans l’agglomération déviés, première évacuation fictive… L’exercice Éole a bien débuté ce mercredi 9 avril 2025 dans l’agglomération de La Rochelle, dans un cadre pas vraiment réaliste avec le grand ciel bleu et les 20 degrés durant l’après-midi. Concrètement, il simule une tempête avec une vigilance orange pluie et vent, et rouge pour les vagues-submersions avec un pic en milieu de nuit. Comme dans une vraie situation de tempête, les maires de l’agglomération ont reçu une alerte téléphonique de la préfecture à 14h, afin de préparer leur commune à l’arrivée de la dépression fictive avec le bulletin de Météo-France.
Une cellule de crise a été activée à l’agglomération de La Rochelle, ainsi qu’un COD (Centre opérationnel départemental) à la préfecture dans le cadre de l’exercice, afin de coordonner l’action de l’ensemble des services de l’État, de secours, et le lien avec les diverses collectivités. Le dispositif FR-Alert, qui permet d’envoyer une alerte sur l’ensemble des téléphones d’une zone géographique précise, a également été activé à 14h45 sur l’ensemble de la communauté d’agglomération, avec plus ou moins de succès : beaucoup de téléphones n’ont pas reçu l’alerte, ou alors plusieurs heures après, selon plusieurs messages sur les réseaux sociaux. Cependant, sur le Vieux-Port de La Rochelle, on a bien entendu quelques sonneries de téléphones, très bruyantes et imposantes, qui ont même parfois surpris. L’alerte était accompagnée d’un message précisant que c’est un exercice. « Le but, c’est que la population soit habituée comme on est habitués aux sirènes des pompiers le premier mercredi du mois », explique Brice Blondel, le préfet de Charente-Maritime.

Une évacuation du port de Plaisance, le Vieux-Port sous les dispositifs de protection
Comme le rappelle Brice Blondel, l’exercice, inédit en France, mobilise près de 500 acteurs et est « regardé de près par Paris » en raison de son réalisme et des leçons que l’on pourra en tirer, comme la coordination de l’État, des services de secours, des opérateurs et des 28 communes de l’agglomération, ainsi que la préparation et la gestion de crise. Près de 1000 incidents fictifs ont été injectés dans le scénario de l’exercice par l’entreprise Numerisk, qui prépare cet événement depuis près d’un an. De faux messages sur des réseaux sociaux fictifs ont été simulés, et les villes ont, elles, par exemple communiqué à leurs habitants via des messages ou des moyens de communication, des indications sur l’évolution de la tempête, précisant bien entendu qu’il s’agissait d’un exercice.
Sur le port des Minimes à La Rochelle, une évacuation fictive avec une quinzaine de plaisanciers a été organisée, avec un bus affrété. Ils ont été prévenus par un message du port qu’il fallait se rendre à un point de rendez-vous, avant d’être transportés au gymnase Gino Falorni, où l’on retrouvait de la nourriture et tout le nécessaire pour survivre à une nuit de tempête. Petit couac cependant dans la communication : aucun matériel n’a été sorti des cartons, et des personnes handicapées s’entraînaient dans le gymnase, qui ont donc dû également trouver une solution. « Cela aurait pu arriver dans une vraie situation, cela va nous permettre de retenir des leçons », explique Jean-François Fountaine, le maire et président de la communauté d’agglomération de La Rochelle. Plusieurs exercices d’évacuation vont être organisés dans des communes de l’agglomération ce jeudi, a expliqué Pierre-Louis Suire, directeur de cabinet du préfet de Charente-Maritime, sans pour autant donner plus de détails afin de ne pas gâcher la surprise de l’organisation.
Sur le Vieux-Port de La Rochelle, des batardeaux ont été installés afin d’éviter que l’eau ne passe dans les quartiers environnants en cas de surcote durant une tempête. Une bâche a également été installée sur toute la longueur du port, ce qui a étonné les touristes et riverains, s’interrogeant sur son utilité. Elle permet en réalité de retenir l’eau également en cas de débordement. L’installation a mis 6 à 7 heures à être mise en place sur le Vieux-Port. À Port-Neuf, du porte-à-porte a été organisé, et un véhicule de la police municipale avec un haut-parleur a circulé avec un message, a expliqué Jean-François Fountaine. Un premier gros incident fictif a été relevé, avec la porte du canal Maubec qui ne s’est pas fermée et qui a inondé une partie des alentours du canal.

Des premières leçons a en tirer
Même si, globalement, la première partie de l’exercice qui a eu lieu jusqu’à 18h ce mercredi s’est bien déroulée, quelques couacs ont déjà été relevés et vont permettre d’améliorer le dispositif pour de futures tempêtes. Par exemple, le ramassage des déchets a été suspendu dans l’agglomération, mais l’information n’a pas été transmise aux communes, qui n’ont donc pas pu indiquer à leurs habitants que la collecte n’aurait pas lieu.
« Il faut espérer que cet exercice montre des failles, que tout ne soit pas parfait », expliquait plus tôt Brice Blondel, afin de pouvoir ensuite améliorer le dispositif en prévision de réelles intempéries. Un premier retour de cette expérience sera organisé à 12h, avec une conférence de presse qui clôturera la deuxième journée de l’exercice, qui sera beaucoup plus intense.
