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Récit. Comment la manifestation contre les bassines à La Rochelle a violemment dégénéré ?

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Découvrez le récit de la manifestation contre les bassines à La Rochelle de ce samedi 20 juillet. Plusieurs milliers de personnes se sont déplacées afin de bloquer le port de commerce de la Pallice, mais l’opération a échoué et s’est soldée par de violents affrontements et des dégradations parfois importantes.

La manifestation contre les bassines a dégénéré ce samedi à la Rochelle | TL - INF
La manifestation contre les bassines a dégénéré ce samedi à la Rochelle | TL - INF

« Je n’avais jamais vu ça à La Rochelle. Je crois que c’est la première fois qu’une manifestation est aussi massive et violente » raconte un habitant de la ville. D’habitude, c’est vrai que l’on en entend parler pour son festival de musiques, les Francofolies ou encore son club de rugby, le Stade Rochelais, mais jamais pour des manifestations et leurs violences. C’est vrai que cet après-midi, les images de la mobilisation contre les bassines étaient impressionnantes, mais ont surtout marqué par la violence des affrontements entre des militants radicaux et les forces de l’ordre, qui ont fait 9 blessés et plusieurs magasins attaqués.

Tout commence à 6h ce matin, lorsque des agriculteurs et des syndicalistes prennent par surprise le dispositif des forces de l’ordre en arrivant depuis le pont de l’île de Ré et en installant un blocage devant une entreprise du port de commerce de la Pallice. Avec des tracteurs et 200 personnes, le blocage va tenir jusqu’au milieu de la journée avant que les forces de l’ordre le dispersent avec des grenades lacrymogènes. Les Soulèvements de la Terre et Bassine Non Merci, les organisateurs principaux de la manifestation, appellent alors à se rejoindre dans un parc proche du centre-ville de La Rochelle, malgré les interdictions de manifestations prononcées par le préfet et les importantes opérations de contrôle. Près de 5000 à 6500 personnes vont alors se réunir et former deux cortèges, avec l’un dans une ambiance familiale et l’autre avec des éléments radicaux.

Un cortège de 500 radicaux

Dans ce dernier, près de 2000 personnes étaient présentes dont plus de 500 radicaux. Le cortège va tenter de remonter l’un des axes principaux qui va du centre-ville de La Rochelle jusqu’à la Pallice. Plusieurs individus  vont alors s’en prendre à un magasin d’alimentation, qui va être totalement saccagé et pillé, ainsi qu’à une agence d’assurance également attaquée, accusée par un tag de sa complicité dans le projet controversé d’autoroute A69. Puis le black bloc, composé de plusieurs centaines de personnes habillées en noir et cagoulées, va continuer d’avancer vers le port de commerce, principal objectif des manifestants, qu’ils accusent d’être la dernière étape de l’exportation des céréales, qui sont cultivées grâce aux méga-bassines dans certains cas. Le port qui est d’ailleurs bien gardé et inaccessible, avec la circulation fermée et des dizaines de voitures de policiers qui se sont installées autour et dedans afin d’éviter toute intrusion. Un camion à eau a même été déployé par les forces de l’ordre pour protéger une installation militaire sur le port.

Lors de leur progression, un nombre incalculable de tags revendicatifs est inscrit sur les murs de La Rochelle comme « Mega Bordel » ou encore « La guerre de l’eau a commencé« . 

De violents affrontements et dégradations

Puis, la situation va se tendre lorsque les forces de l’ordre vont se déployer face aux manifestants vers 13h45, après que ces derniers aient formé des barricades et se sont introduits dans un chantier privé, en volant du matériel pour fortifier leurs barricades. C’est alors que les hommes de la gendarmerie et de la police vont lancer les premiers gaz lacrymogènes et progresser afin de sécuriser le chantier et faire reculer les manifestants radicaux. Ces derniers vont se défendre alors avec des mortiers d’artifice, derrière une nuée de parapluies noirs. Les forces de l’ordre progressent et cassent les barricades, avant d’aller au contact avec une charge avec des grenades lacrymogènes, qui va finir sous les mortiers d’artifice et divers projectiles. Le moment est extrêmement violent des deux côtés, avec les militants radicaux qui cherchent à repousser les forces de l’ordre, et ces derniers qui cherchent à reprendre les positions et disperser cette manifestation interdite. 

Une mission qui va être réussie, avec un cortège qui va se disperser dans les petites rues en direction du Stade Rochelais. Dans une petite cour dans les alentours du parcours de la manifestation, on découvre plusieurs « street médic » qui indiquent que 10 personnes ont été blessés lors de le charge, dont une touchée par une grenade de désencerclement. Plus loin, on découvre une agence bancaire « Banque Populaire » totalement saccagée, avec des vitres brisées et où les manifestants se sont visiblement introduits, avec des dégradations dans le local. Puis, commence le jeu du chat et de la souris, avec un cortège qui est dans les petites rues de La Rochelle et laisse des barricades pour gêner la progression des policiers et gendarmes, qui vont les chasser avec des grenades lacrymogènes et diverses charges. Autour du Stade Rochelais, les grenades lacrymogènes pleuvent, des personnes sont surpris comme un enfant très jeune qui s’est retrouvé piégé en bas de son immeuble avec les gaz. Puis finalement, on atteint la plage aux côtés du Black Bloc. Dans ce dernier, de nombreux militants radicaux français mais aussi allemands, suisses et anglais. Aussi, lors de la formation d’une barricade, un habitant va s’énerver contre les radicaux, l’un des deux va alors aller dialoguer et expliquer la démarche radicale, dans une ambiance « cordiale ».

La convergence des cortèges

Sur la plage et la promenade autour, les cortèges radicaux et familiaux vont converger dans une ambiance bon enfant, et se retrouver autour de danses et de slogans revendicatifs. Encadré au loin par les nouveaux blindés de la gendarmerie, les « Centaures » et des canons à eau de l’autre côté, un cortège va alors se former pour repartir et finir la manifestation. Alors que quelques centaines de mètres plus loin, les organisateurs appellent à la dispersion, de nouvelles tensions éclatent en fin de cortège, avec des mortiers d’artifice et des cocktails molotovs qui affrontent un canon à eau et les forces de l’ordre.

Il est alors décidé que les manifestants restent groupés afin de rentrer à leur camp de base, « Le village de l’eau » situé à Melle, à 1h30 de La Rochelle. Lors de ce retour vers le point de départ de la manifestation, dans un parc, de nombreux habitants vont marquer leur soutien, comme un qui va agiter son gilet jaune à une fenêtre, ou encore, une femme qui va, avec son tuyau, fournir de l’eau aux manifestants qui suffoquent sous la chaleur de La Rochelle. Finalement, le cortège de plusieurs milliers de personnes va atteindre l’allée du Mail, qui abrite le monument aux morts de La Rochelle. Ce dernier va d’ailleurs être victime d’un tag comme le constate notre journaliste sur place. Puis, dernière étape, les manifestants vont atteindre la plage de la Concurrence, et vont dans une ambiance bon enfant, se baigner au rythme de musique antifasciste et écologiste.

Quelle bilan pour cette manifestation ?

Ce soir, le calme est revenu à La Rochelle, alors que le préfet de la Charente-Maritime, Brice Blondel, a organisé une conférence de presse, pour détaillé les conséquences de cette manifestation. Plusieurs abribus ont été cassés et des magasins dégradés, alors que près de 9 personnes ont été blessées, dont 4 forces de l’ordre et 5 du côté des manifestants selon le parquet. 7 personnes ont été interpellées ce samedi à La Rochelle indique la même source. 

Près de 5000 personnes étaient mobilisées au plus fort de la manifestation selon la police à BFMTV, alors que les Soulèvements de la Terre indiquent que près de 10 000 manifestants étaient mobilisés dans La Rochelle. Même si de violents affrontements ont eu lieu ce samedi, la situation a été beaucoup moins dure qu’attendu selon des journalistes interrogés et qui suivent les mouvements écologistes activement, notamment grâce au travail de filtrage avec les contrôles en amont de la manifestation et l’important dispositif policier. Malgré tout, pour une ville réputée comme tranquille à l’instar de La Rochelle, cette journée restera dans la mémoire des habitants et des nombreux touristes, surpris en pleine vacances de tomber sur plusieurs milliers de militants anti-bassines.

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