Ils sont secrétaire à la politique revendicative de la CGT 44, responsable départemental de la CFDT et candidate du Front Populaire pour les législatives. Dans le cadre de la manifestation du 15 juin contre l’extrême droite qui aura lieu à Nantes, INF Nantes les a interrogés sur les raisons de la mobilisation contre la montée du Rassemblement National.
Le 30 juin et 7 juillet prochains auront lieu les élections législatives anticipées, convoquées après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron le 9 juin dernier, suite au score inédit du RN aux élections européennes. Depuis, les partis de gauche se sont unis sous l’égide du « Nouveau Front Populaire » pour contrer cette montée du parti de Jordan Bardella. Au-delà de la mobilisation des partis politiques, les syndicats dénoncent également une montée de l’extrême droite et appellent à une mobilisation ce week-end dans toute la France, y compris à Nantes où une large intersyndicale se mobilisera aux côtés de nombreuses organisations.
Dans ce cadre, le samedi 15 juin 2024, une manifestation est organisée à l’initiative de plusieurs syndicats tels que la CGT, la CFDT, la FSU, Solidaires, l’UNSA et FO, qui a annoncé rejoindre la mobilisation dans le 44. Plusieurs partis politiques et associations, dont le mouvement du « Nouveau Front Populaire », appellent à rejoindre le cortège. Dans ce cadre, nous avons interrogé Ronan Lherbier, secrétaire à la politique revendicative de la CGT 44, Katell Guillot, responsable départementale de la CFDT en Loire-Atlantique, et Julie Laernoes, députée sortante écologiste et candidate du Nouveau Front Populaire pour les élections législatives de la 4ème circonscription de Loire-Atlantique. Ils nous ont expliqué pourquoi ils appellent à rejoindre la manifestation ce samedi à Nantes.
"On est fermement opposé à l’extrême droite qui n’a jamais défendu le camp des travailleurs"
Ronan Lherbier est secrétaire à la politique revendicative à la CGT de Loire-Atlantique. « C’est la deuxième manifestation depuis les élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale (une manifestation lundi dernier a rassemblé plusieurs milliers de personnes). On est là pour rappeler qu’on est fermement opposés à l’extrême droite, qui n’a jamais défendu le camp des travailleurs.«
Le syndicaliste rappelle que la CGT est indépendante de tout parti politique « mais qu’elle n’est pas neutre et on pense que dans ce moment particulier, historique, on doit se positionner pour rappeler à voter contre les partis qui défendent les idées d’extrême droite« . Concernant la montée de l’extrême droite, y compris chez les ouvriers, Ronan Lherbier explique « qu’à la CGT, on vote moins à l’extrême droite qu’ailleurs, mais le problème, c’est qu’elle se nourrit des politiques libérales de ces dernières années du gouvernement qui augmentent la précarité et le recul de l’âge de la retraite par exemple. »
Le membre de la CGT s’est réjoui de la première mobilisation spontanée de lundi à Nantes, qui a rassemblé près de 4 400 personnes selon la préfecture et encore plus selon les syndicats. Sur la suite du mouvement, Ronan Lherbier indique qu’il va continuer avec des assemblées générales des syndiqués et d’autres mobilisations.
"On est dans un autre virage historique"
Katell Guillot est responsable départementale de la CFDT en Loire-Atlantique. Elle indique que la CFDT a toujours été pro-européenne, avec une campagne en interne cette année afin de donner des outils à leurs adhérents pour pouvoir « bien voter » et éviter l’abstention. « On était déjà sur la lutte contre la montée de l’extrême droite à l’échelle européenne, où les travailleurs sont les premières victimes des gouvernements d’extrême droite comme en Pologne ou en Italie.«
Comme son collègue de la CGT, elle indique que la CFDT n’est ni neutre, ni partisane. « Là où le Rassemblement National gagne, c’est avec l’abstention, c’est pour cela qu’on appelle à un sursaut démocratique et social, avec les élections législatives. La particularité du RN, c’est que le parti touche les cadres, les ouvriers, les retraités et les jeunes et plus largement les ouvriers. Elle a adapté son discours là où les autres partis n’arrivent plus forcément à atteindre les autres classes de la population. Par exemple, certains nous disent qu’ils ont testé la gauche, la droite et maintenant l’extrême droite par désespoir.«
Quand on lui pose la question d’un nouveau avril 2022 ou plus loin encore, le Front Populaire de 1936, Katell Guillot espère un mouvement similaire : « Mon premier vote, c’était en 2002 et c’était la première fois qu’on avait eu un mauvais dimanche soir. Depuis, on a eu beaucoup de mauvais dimanches soir avec cette montée du RN. C’est pour ça que le mouvement d’aujourd’hui ne ressemble pas à ça, car le front républicain est plus dispersé. Aujourd’hui, on a plusieurs partis d’extrême droite et on peut entrer dans un virage historique en cas de leur victoire ou au contraire, de celle de la gauche. C’est pour cela que six syndicats se rassemblent dans le département, car on craint pour la liberté des syndicats et des travailleurs, et même de la société civile.«
Concernant l’alliance politique des partis de gauche « Le Nouveau Front Populaire », elle dit que la CFDT ne se positionne pas, mais qu’elle est pour tout réveil démocratique des partis progressistes et qu’elle veut une France sociale et solidaire.
"On a tout simplement été choqués des résultats des européennes"
Julie Laernoes est la députée écologiste sortante de la 4ème circonscription et se représente aux élections législatives pour l’union des gauches. Elle s’explique aujourd’hui sur la montée de l’extrême droite aux dernières élections : « On a tout simplement été choqués des résultats des européennes avec la montée de l’extrême droite. La dissolution de l’Assemblée Nationale laisse présager le pire avec un Rassemblement National majoritaire dans le pays, ce qui bafouerait nos valeurs. C’est pour cela qu’il y a eu un sursaut des associations de jeunesse, des syndicats, etc. pour soutenir les valeurs de la France. »
« L’ouest était une zone relativement épargnée par la montée de l’extrême droite, mais aujourd’hui, il y a des endroits où le Rassemblement National fait de gros scores. Le problème, c’est la politique libérale en France avec des gens qui en ont marre, avec de la colère et du rejet contre la réforme des retraites et de l’assurance chômage. C’est un vote de désespoir finalement, » explique la candidate de la nouvelle alliance des gauches.
Julie Laernoes pense que le nouveau Front Populaire a la capacité « et le devoir » de contrer le RN. « Il faut recréer un soulèvement à gauche, ça fait longtemps qu’elle n’a pas été au pouvoir. On a la responsabilité et le devoir, c’est ce qu’on fera dans les 100 premiers jours, avec le chemin de l’apaisement et de l’entraide, avec une autre société possible. » Elle se dit candidate de l’union de toutes les forces de gauche.
La députée sortante constate un vrai sursaut depuis le 9 juin : « Mes ex-collègues députés en France ont eu le même phénomène, il y a un vrai sursaut, avec des personnes pas impliquées qui s’impliquent enfin en politique. Beaucoup de personnes envoient même des messages pour savoir comment elles peuvent nous aider pour la campagne. Avec le choc de ce qui s’est passé dimanche dernier, on a besoin d’une mobilisation et d’une dynamique. »
Concernant la manifestation de samedi, elle appelle à la rejoindre. Elle considère que la première mobilisation de lundi à Nantes a été « extrêmement salutaire » pour obliger tous les partis de gauche à réagir et à prendre leurs responsabilités.
Les syndicats et les organisations appellent à rejoindre la manifestation contre l’extrême droite à partir de 14H au miroir d’eau à Nantes ce samedi 15 juin.