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Nantes : Les parents d’élèves du lycée Guist’hau en ont assez des blocus

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Bloqué une douzaine de fois depuis janvier 2023, le lycée Guist’hau est souvent au cœur des luttes étudiantes nantaise. Des parents d’élèves du lycée ont exprimé dans un communiqué leur mécontentement face à ces nombreux blocus qui « ont fait perdre aux élèves de première jusqu’à 18 heures de cours de français l’an passé. »

Le lycée Guist'hau bloqué le mardi 16 janvier contre la loi Immigration | Photo transmise à INF Nantes
Le lycée Guist'hau bloqué le mardi 16 janvier contre la loi Immigration | Photo transmise à INF Nantes

Bloqué le 22 décembre et le 16 janvier contre la loi sur l’immigration, le lycée Guist’hau à Nantes est un habitué des blocus. Même si le début de l’année a été plutôt calme, le passage de la loi sur l’immigration à l’Assemblée Nationale a fait réagir les lycéens qui ont bloqué par deux fois le lycée, rendant l’accès aux cours impossible une partie de la matinée ou toute la journée. Le dernier blocus en date, celui du 16 janvier a fait parler de lui, car un incendie de poubelles devant les portes du lycée a été éteint par les pompiers et était « dangereux pour l’établissement » selon les témoins présents sur place.

L’année dernière, lors du mouvement contre la réforme des retraites, le lycée avait été bloqué 9 fois. Les adhérents de la FCPE de Guist’hau, une fédération de parents d’élèves, ont exprimé leur ras-le-bol vis-à-vis de ces blocus à travers un communiqué. Nous avons interrogé une de leurs représentantes, ainsi qu’un lycéen bloqueur qui lui dénonce le communiqué.

"80% des bloqueurs sont des élèves de seconde"

Contacté par INF Nantes, une représentante de la FCPE nous explique les motivations de ce communiqué : Depuis l’an passé, au moins 9 blocus ont été effectués contre la réforme des retraites, généralement le vendredi, et que les blocus étaient bien organisés, avec une majorité de première et de terminale, c’étaient des « jeunes engagés ». Au contraire cette année, elle nous affirme que « la manière utilisée par les lycéens pour bloquer n’est pas du tout la même que l’année dernière. Il y a en effet 80% d’élèves de seconde. C’est la direction du lycée qui nous l’a dit, ainsi que nos enfants. Et parmi ces 80%, il n’y avait qu’une petite dizaine d’élèves motivés pour combattre le projet de loi. Après, une grosse majorité suit le mouvement pour rigoler, sécher les cour ou pour qu’il se passe quelque chose de nouveau dans le lycée.« 

Mère de plusieurs enfants dans le lycée et engagée contre la loi sur l’immigration, elle nous explique qu’elle est allée manifester contre la loi le 21 janvier : « Il y a beaucoup plus d’impact d’aller dans une manifestation dans la rue et autorisée que de faire un blocus dans un lycée qui pour rappel constitue un délit punissable par la loi. Et ça peut même desservir la cause des lycéens.« 

L’incendie du blocus du 16 janvier, dénoncé par de nombreux élèves et parents, n’aurait pas été allumé par des élèves du lycée, mais par un ou des éléments externes au mouvement, nous précise la FCPE et un élève bloqueur du lycée.

Un incendie en marge du blocus du 16 janvier | Photo transmise à INF Nantes
Un incendie en marge du blocus du 16 janvier | Photo transmise à INF Nantes
18h de cours de français perdus l'an passé

Dans le communiqué, la FCPE dénonce également l’inaccessibilité aux cours engendrée par les blocus. L’année dernière, les lycéens en classe de première ont perdu jusqu’à 18 heures de cours de français malgré le bac. De plus, ce manque d’heures de cours « pénaliserait les élèves les plus fragiles, d’autant plus qu’aujourd’hui, avec le contrôle continu et Parcoursup, les notes de première comptent. C’est d’ailleurs pour cela que peu d’élèves de premières et de terminales se mobilisent. Les blocus modifient l’organisation des professeurs et des élèves, car quand un contrôle est prévu un jour, mais qu’on n’a pas accès aux salles de classe et qu’on doit le reporter, tout le monde est pénalisé car les élèves ont révisé » selon la représentante de la FCPELes parents d’élèves dénoncent aussi le manque de respect de ces blocages vis-à-vis de la direction et du personnel du lycée qui « s’évertuent à donner le meilleur » pour que les élèves réussissent.

"Cela donne une mauvaise image du public"

Enfin, elle dénonce la mauvaise image renvoyée par ces blocus sur le lycée et, plus globalement, sur l’enseignement public : « Ça donne une très mauvaise presse pour le lycée Guist’hau. Et pour cette raison des parents pourraient envisager de mettre leurs enfants dans l’enseignement privé. Nantes est la première ville de France où il y a presque autant d’écoles privées que publiques. Nous ne sommes pas contre l’école privée mais en tant que parents de la FCPE notre rôle est de défendre l’école de la République, laïque et gratuite pour tous. »

Des tags sur le lycée Guist'hau l'année dernière en marge du mouvement contre la réforme des retraites | T.L. - INF Nantes
Des tags sur le lycée Guist'hau l'année dernière en marge du mouvement contre la réforme des retraites | T.L. - INF Nantes
"Des propos diffamatoires"

On a interrogé un lycéen de Guist’hau qui a participé à plusieurs blocus, et qui parle au nom des lycéens qui participent à ces actions. Il dénonce le communiqué de la FCPE, qui tient des propos diffamatoires selon lui notamment, avec le terme « prise d’otage du lycée ». Selon le lycéen, ce ne sont pas des propos appropriés en termes de vocabulaire et il affirme « que le message est pour faire peur, pour menacer, faire chuter notre mouvement lycéen et on est contre ça. On dénonce les agissements du gouvernement qui s’en fichent des profs, c’est l’État le problème, pas les bloqueurs (…) Tous les lycées de Nantes ont été bloqués et pourtant il n’y a que les parents de Guist’hau qui réagissent comme ça« . 

Concernant le chiffre de 80% d’élèves de secondes bloqueurs, il le réfute totalement : « Par rapport au chiffre des 80% de secondes parmi les bloqueurs, je pense qu’ils ont oublié de prendre quelqu’un qui savait compter, car il y avait tous les niveaux. Les terminales étaient sous-représentés car il y avait le bac, mais il y avait autant de premières que de secondes. Je le vois bien, il y a autant de secondes que de premières déterminés.« 

"Perdre 8h de cours ne va pas changer le cours des choses."

Le lycéen bloqueur qui préfère rester anonyme nous affirme que sur la perte du nombre de cours ne change pas grand-chose sur toute une année : « Le programme scolaire est un échec total, je ne vois pas en quoi perdre 8 heures de cours sur une journée va changer le cours des choses. » Il dénonce également le manque de discussion de l’administration vis-à-vis du mouvement des bloqueurs. Selon lui, elle ne cherche pas à comprendre leur démarche de bloquer : « À chaque blocus, on discute avec l’administration pour expliquer notre démarche, mais celle du lycée Guist’hau a refusé la discussion. On ne comprend pas leur démarche.« 

Enfin, concernant l’utilité des blocus par rapport aux manifestations, il affirme que ces blocages ont permis d’avoir plein de nouveaux lycéens qui soutiennent ou rejoignent la cause : « C’est le 6ème ou 7ème blocus qu’on fait avec le C.L.A.N. (Coordination lycéenne autonome nantaise), on a eu des nouveaux lycéens et c’est un mouvement qui est en train de se répandre, car la jeunesse en a marre de se taire et qu’on doit montrer au gouvernement qu’ils ne pourront pas nous ignorer longtemps. On fait des blocus justement pour montrer qu’on est là, et même s’ils font leurs lois de leur côté, qu’ils essaient de parler à la jeunesse, comme par exemple en invitant des syndicats à discuter autour d’une table comme le Syndicat National Lycéen qui souhaite ouvrir une discussion autour du système scolaire. »

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