Tribune. Municipales 2026 : Réveillez la candidate qui est en vous !

Tribune pour un engagement des femmes en politique afin de garantir une réelle parité dans les instances communales et intercommunales par Katia Bourdin.

Katia Bourdin, conseillère régionale | DR
Katia Bourdin, conseillère régionale | DR

A la veille des élections municipales et communautaires des 15 et 22 mars prochains, alors que s’ouvre, ce mardi, le congrès des maires de France , il semble opportun d’interroger la représentation des femmes dans les communes et les intercommunalités, en France et plus précisément dans notre département. En effet, la Charente Maritime devrait être particulièrement impactée par les effets de la réforme du scrutin du 21 mai 2025 imposant la parité pour toutes les listes municipales, y compris pour les communes de moins de 1000 habitants, on en compte 312 sur 462 soit 68% des communes de notre département.
Alors que nous avons célébré le mois dernier les 80 ans du droit de vote des femmes, il convient d’interroger le chemin parcouru et ce qu’il reste à faire pour garantir une réelle parité dans les instances de notre République.

Si, cette parité est acquise dorénavant dans les conseils départementaux et les conseils régionaux ( depuis les lois de 2003 et 2013) les exécutifs restent très masculins et le département de Charente maritime fait figure d’exception avec Sylvie Marcilly à sa tête ( seuls 20% des conseils départementaux sont présidés par des femmes).
Depuis les dernières élections municipales en 2020, la part des conseillères municipales est passée à 42,4 % en France, elle est de 39% en Charente maritime. Pourtant certaines petites communes n’ont pas attendu l’application de la loi pour féminiser les conseils municipaux, c’est le cas de la commune de Saint – Félix, près de St Jean d’Angely, qui compte 75% de Saint-Féliciennes dans son conseil municipal.

Rappelons qu’en Charente maritime les femmes ne représentent que 22% des maires ( c’était 16,3% en 2014) et que l’enjeu de ce scrutin est important pour voir enfin les femmes prendre leur place dans les exécutifs.

C’est surtout à l’échelle des intercommunalités qu’on mesure les inégalités de genre en politique et c’est pourtant, ici, que se concentrent dorénavant l’essentiel des compétences majeures ( transport, urbanisme, déchets, aménagement du territoire, eau, développement économique et touristique, équipements culturels et sportifs…) En France, elles sont seulement 35 % des conseillers communautaires et 11,4 % à présider ces collectivités locales : c’est le résultat du fameux 3eme tour des municipales qui n’impose aucune réglementation pour voir appliquer la parité dans les intercommunalités.

Les femmes restent pourtant les meilleures garantes de politiques publiques qui portent les préoccupations et les intérêts des femmes, notamment dans le champs du développement économique, de la cohésion sociale, de la santé, des transports et de l’alimentation. De nombreuses études montent qu’elles sont les grandes perdantes dans les aménagements de l’espace public, d’où l’intérêt des budgets genrés, une sécurité mise en place dans plusieurs collectivités pour que les investissements publics profitent à tous et toutes.
À Strasbourg, par exemple, la maire a pu porter un dispositif de mise à disposition gratuite de paniers bio pour les femmes enceinte. Notons encore qu’à Poitiers, la maire a soutenu un programme pour dégenrer les cours d’école, afin de redistribuer les espaces de façon plus égalitaire.

Mais pour féminiser les conseils municipaux et communautaires, une loi ne suffit pas et on constate, sur le terrain, qu’il n’est pas si facile d’encourager les femmes à s’engager en politique. Beaucoup souffrent du syndrome de l’imposture et s’auto-censurent, elles ne se sentent pas toujours bienvenues ou suffisamment soutenues, elles souffrent d’épuisement militant. En qualité de formatrice pour l’empouvoirement des femmes candidates et pour la lutte et la prévention contre les violences sexistes et sexuelles, je suis attentive aux nombreux freins qui retiennent les femmes pour se lancer dans la course aux municipales. Pourquoi la plupart des femmes ne souhaitent pas renouveler leur mandat ? On les appelle « les étoiles filantes » ! Elles doutent de leur legitimité, elles redoutent le sexisme ou les dénigrements, elles se demandent si elles pourront être à la hauteur. Autant de questions que les hommes ne se posent pas souvent quand ils décident de s’engager.
Il faut convaincre les femmes que les mandats locaux sont des leviers formidables pour changer le quotidien des femmes, pour porter des politiques plus inclusives et plus respectueuses de la différence.
Au lieu de laisser s’installer la défiance dans nos territoires, le repli identitaire et le repli sur soi, imaginons un autre possible, pour une société plus égalitaire et plus solidaire.
Vous avez besoin d’un soutien, d’un accompagnement, il existe des réseaux d’élues locales formées pour vous accompagner et dispenser des formations à votre service. La sororité reste le meilleur outil pour degenrer la politique.

Katia Bourdin, conseillère régionale et formatrice pour l’empouvoirement des candidates et pour la lutte et la prévention contre les violences sexistes et sexuelles.

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