Les jeunes espoirs rochelais ont parfois donné la sensation d’être lancés dans la fosse aux lions. Pour éviter de revivre cette sensation, le staff s’est réuni à plusieurs reprises l’été dernier pour redessiner les contours de l’intégration des pépites du club.
La jeunesse a pris de l’épaisseur dans les rangs rochelais ces dernières semaines. La première étape de ce virage stratégique a été un recrutement ciblé. Quatre éléments de moins de 24 ans – Nolann Le Garrec (23 ans), Davit Niniashvili (23 ans), Semi Legivala (22 ans) et Ugo Pacome (20 ans), sont venus injecter du sang neuf dans un effectif jugé vieillissant par bon nombre d’observateurs. Côté staff, la transmission est incarnée par un ancien de la maison : Romain Sazy. Nommé entraîneur des espoirs à la fin de sa carrière sportive en 2023, l’ex-deuxième ligne a intégré l’encadrement de l’équipe première à l’aube de la saison 2025-2026. Sa mission, au-delà de la stratégie, sera de mieux intégrer les jeunes au groupe professionnel.
« On sait qu'on peut compter sur eux »
La saison dernière, une dizaine de jeunes espoirs (Sutidze, Leupolu, Kanté-Samba, Garault, Brunet, Huchet, Kaddouri, Bosmorin, Andjisseramatchi, Lamit) ont été intégrés à l’équipe première. Pour certains d’entre eux, le baptême du feu s’était réalisé lors des débâcles à Toulon (défaite 45-26) et à Lyon (défaite 53-17) pendant la période des doublons lorsque les internationaux manquaient à l’appel. C’est donc sans grand repère qu’ils avaient pris part à ces deux rencontres. Pour ne pas revivre la même situation, le staff des Jaune et Noir s’est fortement remis en question comme l’explique l’entraîneur des arrières, Rémi Talès et Romain Carmignagni, l’entraineur des avants.
« Sur le recrutement, c’est vrai qu’on voulait rajeunir l’effectif et ajouter plus de concurrence. Les anciens, ça les pousse à élever leur niveau. Concernant les jeunes, on a fait le bilan de la saison dernière où nos jeunes, on ne les avait peut-être pas mis dans les meilleures conditions. Pour tirer un peu de positif de la saison dernière, les jeunes ont tout de même joué et se sont construits dans la difficulté. Aujourd’hui, ils ont au minimum 10 matchs de Top 14 dans les jambes et maintenant, on sait qu’on peut compter sur eux», détaille l’ancien ouvreur.
« Ça a été un gros sujet de notre intersaison de savoir comment on fait grandir les jeunes et comment les intégrer. On leur dit souvent, si tu as un contrat chez nous, si tu es dans notre centre de formation, tu es potentiellement capable de jouer avec nous. Les jeunes qui ont montré le bout de leur nez pendant la pré-saison ont bien bossé donc ils sont récompensés », glisse Romain Carmignani. « Le mardi, on fait des entraînements élargis qui mélangent les pros et les jeunes. On a pris ce parti pour faire grandir tout le monde. Quand va arriver la période des doublons, on les aura vu, ils se seront entraînés avec nous, ils sauront comment on fonctionne, je pense que ça va être une plus-value pour tout le monde. »
Les joueurs valident ce changement
Côté joueur, le rajeunissement des troupes est vu d’un bon œil. S’il est lui-même un jeune joueur, Oscar Jegou (22 ans), qui entame déjà sa quatrième saison avec le groupe professionnel, voit déjà les effets positifs de ce changement de braquet. « Déjà, il y a le recrutement de jeunes joueurs qui nous fait beaucoup de bien et qui amène beaucoup d’énergie. On a eu l’impression cette semaine qu’il y avait une profondeur d’effectif plus large avec plusieurs compositions d’équipes possibles malgré le fait que nous n’ayons pas 50 joueurs. »
Revenu d’un prêt à Angoulême en Pro D2, le pilier Karl Sorin (22 ans) est un exemple de ces jeunes qui vont pouvoir s’aguerrir ces prochains mois. Avec les absences de Uini Atonio (blessé jusqu’en novembre) et de Joel Sclavi, retenu avec l’Argentine, le pilier droit sait qu’il peut se faire une place au soleil.
« Je pense que cela amène une énergie positive au groupe. Jeune veut aussi dire inconscient donc parfois, on se fait recadrer, mais le fait que le groupe soit composé de jeunes et de plus anciens fait du bien à tout le monde. Cette saison, être lancé avec des joueurs plus expérimentés, ça rassure, on est beaucoup plus serein. »
Les jeunes pousses rochelais vont avoir fort à faire ce dimanche soir lors du déplacement dans l’antre mythique de Mayol, véritable temple du combat.