Ce mercredi matin, un homme d’une trentaine d’années a percuté volontairement plusieurs personnes sur l’île d’Oléron, en Charente-Maritime. Au cours d’un périple de trente-cinq minutes, il a fauché plusieurs personnes, dont deux sont dans un état grave ce soir, avant d’être interpellé après avoir crié « Allah Akbar ». Devant les enquêteurs, il affirme s’être « autoradicalisé » sur internet. On fait le point.
À 9 h 20, les gendarmes viennent d’interpeller un homme à l’aide de leur pistolet à impulsion électrique sur l’île, pourtant d’ordinaire paisible, d’Oléron. Jean G., âgé de 35 ans, venait alors d’effectuer un périple de près de six kilomètres, au cours duquel il a fauché plusieurs habitants entre Saint-Pierre et Dolus-d’Oléron pendant plus de trente-cinq minutes.
Quelques dizaines de minutes plus tôt, à 8 h 40, son véhicule, entame un trajet meurtrier destiné à porter atteinte à la vie d’autrui. Cet Oléronais, installé sur l’île depuis près de dix ans, percute une première victime, Emma Vallain, sur la route du Treuil à Dolus-d’Oléron. Cette dernière, qui habitait à quelques centaines de mètres, faisait son jogging comme à son habitude. Connue comme l’assistante parlementaire de Pascal Markoswky, député RN de Haute-Saintonge, elle est transportée dans un état grave au CHU de Poitiers.
Jean G. ne s’arrête pas là. Il poursuit sa course folle vers Saint-Pierre-d’Oléron, où il percute d’autres cyclistes et piétons. Il sera finalement arrêté plus loin, après le bourg, rue de la Poyade, dans un virage près d’une station d’eppuration. Avant son interpellation, il incendie son véhicule, dans lequel se trouvaient une ou plusieurs bouteilles de gaz, et crie « Allah Akbar » au moment où les gendarmes, contraints d’utiliser leur pistolet à impulsion électrique, le maîtrisent.
Pas connu des services de renseignement
Une cellule de crise a été ouverte à Dolus-d’Oléron afin d’accueillir les victimes, les secours et de préparer la gestion de l’événement. À 11 h 20, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, annonce se rendre sur place. Il tiendra une conférence de presse aux alentours de 15 h 15, après avoir visité la brigade de gendarmerie de Saint-Pierre-d’Oléron et rencontré les forces de l’ordre ainsi que les secours mobilisés. Il y retrace les trente-cinq minutes du périple et dresse un bilan dramatique : cinq personnes blessées, dont deux grièvement.
Le ministre précise toutefois que le Parquet national antiterroriste reste pour l’heure en observateur, même si le locataire de la place Beauvau reconnaît « la connaissance d’un certain nombre d’éléments, dont le cri qui a été prononcé au moment de son interpellation. Ce n’était pas le seul : il y a d’autres éléments que le parquet devra analyser ». L’homme, inconnu des services de renseignement selon le ministre, figurait néanmoins dans les fichiers des forces de l’ordre pour des délits de droit commun, rien qui aurait pu laisser présager un tel drame.
« Il avait prévu de faire ça hier, mais il n’a pas eu le courage de passer à l’acte », a confié de son côté le maire de Dolus-d’Oléron, Thibault Brechkoff, s’interrogeant sur les raisons de son passage à l’acte ce mercredi. La brigade de recherches de Rochefort, la section de recherches de Poitiers, ainsi que les hommes de la police judiciaire de La Rochelle et de Bordeaux ont été mobilisés par le parquet pour déterminer le mobile de l’assaillant. Une enquête pour tentative d’assassinat a été ouverte.
Un homme marginal, "autoradicalisé sur internet"
Originaire de Dordogne, cet homme de 35 ans vivait depuis une dizaine d’années sur l’île d’Oléron. Il disposait de deux adresses, dont l’une dans un mobil-home du camping de la Perrache, où des perquisitions étaient en cours ce mercredi en fin d’après-midi. Il a été placé en garde à vue à la brigade de gendarmerie de Saint-Pierre-d’Oléron, où il se serait montré peu bavard, selon Laurent Nuñez. Les enquêteurs disposent de 48 heures pour l’interroger, sauf si le procureur décide de requalifier les faits en crime terroriste. Ce jeudi matin, toujours aucune décision n’avait été prise sur la qualification du crime indique une source policière auprès d’INF la Rochelle.
L’homme est décrit comme marginal par un élu rencontré à Dolus-d’Oléron, qui affirme l’avoir souvent vu alcoolisé et errant dans les rues de la commune. Il est également considéré comme mentalement fragile par certains voisins. Sur son compte Facebook, il partageait depuis plusieurs mois des vidéos à tendance complotiste, ainsi qu’une photo de son permis de conduire obtenu en mai dernier, légendée : « Quinze ans après, il était temps. »
Selon des informations de Franceinfo, que nous sommes en mesure de confirmer, des documents à caractère religieux ont été saisis lors d’une perquisition, notamment des écrits. Rien ne permet toutefois d’affirmer que l’homme s’était converti à l’islam. Il a déclaré aux enquêteurs s’être autoradicalisé sur Internet.
Le procureur de la République de La Rochelle, Arnaud Laraize, devrait tenir un point presse ce jeudi.