Interview. Jean-Luc Algay, maire de L’Houmeau et vice-président de l’agglomération de La Rochelle en charge du développement économique, a annoncé qu’il se présenterait aux élections municipales de 2026 pour briguer un troisième mandat, son dernier, qu’il souhaite marquer par deux projets importants.
Vous annoncez aujourd’hui que vous vous présentez pour un troisième mandat. Pourquoi ce choix et avec quelle équipe ?
Jean-Luc Algay : Cela fait un an que je prépare la future équipe et qu’elle travaille sur les élections. Autour de la table, il y a des élus d’origines sociales différentes, avec des parcours professionnels variés et des sensibilités politiques diverses. Il faut donc savoir travailler sur un projet commun. Notre projet politique, c’est le projet de la commune que je souhaite continuer tout simplement. C’est pour ça que, sur le projet, nous sommes sans étiquette. Après, chacun peut avoir ses affiliations personnelles — certains sont de gauche, d’autres adhérents à des partis — peu importe : ça n’intéresse pas le groupe. Au contraire, cela apporte un benchmark sur ce qui se fait ailleurs, tout en restant concentré sur notre projet commun. […] Moi je suis centriste, mais je ne leur ai jamais demandé leurs couleur politique.
Sur ce mandat, la majorité n’a connu aucune démission. Aujourd’hui, j’ai des personnes qui me suivent depuis douze ans, et je les en remercie. Certaines souhaitent profiter pleinement de leur retraite, surtout quand on approche des 80 ans, même si elles aimeraient continuer à s’investir. L’équipe s’est donc renouvelée : neuf membres expérimentés restent, tous les jeunes notamment, et l’équipe intègre de nouvelles personnes. Vincent Vinet sera mon nouveau 1er adjoint. Nous travaillons ensemble depuis plusieurs mois sur l’élaboration du projet, et c’est la nouvelle équipe qui l’a construit avec nous.
Quels grands travaux souhaitez vous réaliser sur ce troisième mandat ?
Jean-Luc Algay : Ce qu’on voulait sur ce mandat, c’est maîtriser notre rubrique énergie, parce qu’avec les crises, on avait des rebonds, et là, on va le maîtriser, on aura que 30% ou 20% de delta variable. Tout le reste, ce sera le chauffage grâce à la géométrie par nappe et l’électricité avec les ombrières photovoltaïque, de l’énergie maîtrisée par la commune. Notre grand projet, c’est le centre bourg. Beaucoup de jeunes s’y installent pour ouvrir des magasins, on avait des demandes pour en ouvrir, et nous allons l’agrandir dans le même style qu’actuellement. Nous avons fait une étude avec la CDA pour connaître les attentes des Houméens qui a relevé le fait de proposer davantage de diversité commerciale. Ce projet sera porté par les promoteurs avec le soutien de la commune.
Le deuxième grand projet, c’est le groupe scolaire, sur lequel nous travaillons depuis 8 ans. L’investissement est d’environ 8,5 millions hors taxes. Nous autofinancerons une grande partie via la vente d’anciens biens et des subventions, le reste pouvant être emprunté sur 3 à 3,5 millions […] Nous avons lancé un appel à concours et reçu 126 candidatures d’architectes ; un jury sélectionnera 3 architectes début décembre pour proposer leurs projets l’année prochaine. L’école sera conçue pour réaliser 50 % d’économies de fonctionnement au niveau de l’énergie notamment, qui seront réinjectées dans l’autofinancement de la commune […] Certains s’inquiètent des emprunts. Notre budget de fonctionnement permet de rembourser sereinement ces investissements, sur des durées adaptées, et l’investissement dans l’école est prévu sur 30 à 40 ans pour un amortissement optimal.
C’est votre troisième mandat, est-ce que ce sera votre dernier ou vous souhaitez encore continuer ?
Jean-Luc Algay : J’ai passé, comme on dit, un contrat avec ma femme et ma famille. Si je suis réélu, ce sera mon dernier mandat. J’aurai 69 ans. J’ai toujours été comme ça dans ma vie : dans les entreprises, j’avais un cap, un objectif à réaliser, et une fois atteint, je passais à autre chose. Quand j’étais président de club d’entreprise, certains chefs d’entreprise restaient plus longtemps, mais moi j’avais un cap : deux ans, objectif atteint, je partais. Là, je fais un troisième mandat, mais ce n’est pas un cap lié au projet, il y a toujours quelque chose à faire, c’est le cap de l’âge. J’aurai 69 ans et je souhaite profiter de ma famille, de mon petit-fils. Voilà mon cap.
"Je ne suis pas du tout intéressé par la présidence de l'agglo"
Quel est le projet au niveau de l’agglomération ?
Jean-Luc Algay : Il va falloir qu’on se mette autour d’une table, tous, parce que dans chaque commune, il y a des oppositions, des élus. Il faut trouver un consensus et travailler sur le projet de l’agglomération. Pour moi, l’agglomération, c’est une agglomération de projets et d’investissements. Il faut éviter d’être dans le fonctionnement, sinon on est bloqué et on ne fait plus rien. Un projet d’agglomération aide les projets des communes. La CDA accompagne déjà nos projets, mais on doit réfléchir encore plus à ses compétences et priorités. Les finances du département et de l’État sont limitées, la région fait des économies aussi, donc il faut se concentrer sur ce qui est vraiment prioritaire et obligatoire.
Vous vous voyez président de l’agglomération ?
Jean-Luc Algay : Je ne suis pas du tout intéressé par la présidence de l’agglo. J’ai 61 ans, j’aurai 62 à la fin du mandat. Je m’éclate à L’Houmeau et au développement économique. La présidence peut être autant à La Rochelle qu’ailleurs, mais il faut quelqu’un qui sache parler, faire un consensus et mener un maximum de communes dans un projet commun. Oui, éventuellement je pourrais si ça part dans tous les sens, mais ce n’est pas mon objectif. Moi je veux que quelqu’un d’autre prenne la présidence, c’est pas le but recherché pour moi en tous cas.
Est-ce que le président de l’agglomération doit forcément venir de La Rochelle, ou une autre commune peut-elle avoir cette présidence ?
Jean-Luc Algay : L’agglomération, c’est 28 communes […] Il faut savoir qu’il y a 85 000 emplois sur l’agglomération. Une partie vient aussi de l’extérieur. Tous nos pôles d’activité sont sur la première couronne […] La Rochelle n’existerait pas sans les autres communes. Les autres communes n’existeraient pas sans La Rochelle. Donc déjà, quand on a compris ça, la présidence peut être autant à La Rochelle, qu’à Châtelaillon , qu’à Nieul, qu’à Vérines, ou autre. La présidence, c’est une personne qui sait parler, qui sait faire un consensus, et qui mène un maximum de communes, voire la majorité, dans un projet commun.