La montée en puissance d’un mouvement radical et autonome lycéen ces dernières semaines à Nantes

Le CLAN (Coordination lycéenne autonome nantaise) est un mouvement lycéen nantais à l’initiative de plusieurs blocus dans des lycées depuis 2023. Mais ces dernières semaines, il a commencé à se faire remarquer dans les manifestations à Nantes, et notamment jeudi dernier à la manifestation pour l’éducation avec un cortège de 300 à 400 personnes qui sont ensuite parties en manifestation sauvage. Et ce ne serait qu’un début selon un porte-parole du mouvement qu’INF Nantes a pu interroger.

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Le "CLAN" en tête de cortège de la manifestation pour l'éducation jeudi à Nantes | T.L. - INF Nantes

Jeudi dernier, lors de la manifestation pour l’éducation, ils ont très rapidement pris la tête du cortège avec un bloc de plusieurs dizaines de personnes habillées parfois en noir et masquées pour qu’on ne puisse pas les reconnaître. Derrière eux, un cortège avec entre 150 et 250 étudiants et lycéens. Arrivés au niveau de la préfecture, des parapluies se lèvent et des jets de projectiles sur le bâtiment sont constatés derrière une banderole « Brûlons les frontières » et une autre « Éducation, Immigration même combat », toutes deux signées du logo du « CLAN », la Coordination lycéenne autonome nantaise. Action revendiquée par ailleurs par le mouvement lycéen.

Par la suite, au niveau de la croisée des trams, les lycéens vont décider de se séparer du cortège syndical et de former une manifestation sauvage dans les rues nantaises avec 300 à 400 personnes, allant jusqu’à devant la cité des congrès et jouant au jeu du chat et de la souris avec les forces de l’ordre, multipliant les face-à-face avec la CDI 44 (Compagnie départementale d’intervention de la police nationale). Mais le mouvement, trop désorganisé, ne réussit pas à s’imposer et recule avant d’obéir aux policiers et d’être raccompagné par les forces de l’ordre au Miroir d’Eau.

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Cependant, le « CLAN » qui à la base ne devait servir qu’à organiser les lycées nantais lors des blocus pendant le mouvement contre la réforme des retraites, semble entrer dans une nouvelle ère, avec depuis quelques semaines une montée en puissance sur les réseaux sociaux, mais également sur le terrain avec la multiplication des blocages de lycée contre la loi Immigration et une hausse de la violence. Qui est derrière ce mouvement, quel est leur objectif et leurs revendications ? Un porte-parole du « CLAN » a répondu aux questions d’INF Nantes en exclusivité sur la montée en puissance de ce mouvement lycéen qui se dit « autonome » et même radical.

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La manifestation du secteur de l'éducation du jeudi 1er février à Nantes | T.L. - INF Nantes
"Plus d'un millier de personnes nous suivent"

L’un des membres du mouvement, que nous appellerons Samuel (prénom fictif) et qui souhaite garder son anonymat, a accepté de répondre aux questions d’INF Nantes. Quand on lui demande de définir le « CLAN », il nous explique que c’est une coordination lycéenne autonome « où on ne peut pas se représenter en lien avec un syndicat, avec un collectif ou d’autres groupes. On n’a pas de participants définis, c’est un groupe où tout le monde peut se revendiquer. On a beaucoup de lycéens de Nantes et de la banlieue nantaise qui ont la volonté de se mobiliser (contre la loi immigration, la question de l’éducation, etc.). »

Sur leur compte Instagram, la coordination lycéenne nantaise a gagné plusieurs centaines d’abonnés depuis quelques semaines et sur les blocus, il y aurait « de plus en plus de soutiens et de lycéens« . Samuel se rend compte de l’ampleur et de la visibilité du CLAN et nous affirme même qu’il aurait reçu une proposition de l’intersyndicale : « On se rend compte qu’on prend de l’ampleur, on a même reçu une proposition de l’intersyndicale. »

Sur la question du nombre de personnes dans le mouvement, il ne sait pas vraiment le nombre de soutiens avec exactitude, car le chiffre varie en fonction des mobilisations : « Dans notre groupe d’organisation, on est 200 actifs, on a aussi des lycéens qui répondent à nos appels de différentes manières. »

"On est dans le même type de cadre que Contre Attaque ou Grève"

« On est dans le même type de cadre que Grève et Contre Attaque (ex Nantes Révoltée), ce sont des groupes qui ne se revendiquent d’aucun parti, » nous affirme Samuel, le lycéen, quand on lui demande à quelle organisation le « CLAN » voudrait ressembler. Il nous donne un exemple : « Je pense à Grève, qui soutient à fond la lutte des agriculteurs, même s’il y a des gens de droite ou d’extrême droite dans ce mouvement-là.« 

Quand on demande au jeune membre du « CLAN » si la coordination est associée à certains mouvements autonomes : « Grève nous a proposé une formation juridique spécialement adaptée aux lycéens, donc c’est vrai que c’est bien ce genre de propositions et de collaboration. Pour des organisations comme Contre Attaque, on accepte leur soutien vis-à-vis de notre mouvement même s’il peut y avoir des divergences. »

"On revendique les jets de peinture sur la préfecture"

Jeudi dernier, en marge de la manifestation pour l’éducation, on a pu constater des jets de projectiles sur la préfecture. Ce serait une action à l’initiative du « CLAN » et revendiquée par Samuel : « On revendique cette action, car Emmanuel Macron a fait une déclaration un peu polémique, sur le fait qu’il voulait un réarmement démographique. Pour dénoncer cette déclaration, on a acheté des préservatifs, qu’on a remplis de peinture et qu’on a lancés sur la préfecture.« 

En marge de cette même manifestation, on a pu voir à un moment le cortège lycéen partir seul et abandonner le cortège syndical. La Coordination lycéenne autonome nantaise qui était en tête de mouvement avec leur banderole, était suivi par 300 à 400 personnes dans cette manifestation sauvage. Quand on demande à Samuel d’expliquer ce choix de séparer les deux cortèges et de sortir du « cadre légal de la manifestation », Samuel se justifie : « On est parti du cortège syndical à la croisée des trams et qui allait tourner à gauche vers le Miroir d’Eau pour finir. Nous, on voulait faire le même trajet que les manifestations contre la réforme des retraites en 2023, on trouve que ce n’est pas assez une manifestation qui dure 30 minutes, c’est pour cela qu’on a décidé de continuer de manière autonome en montrant qu’on est capable de faire des vrais cortèges.« 

"On est quand même dans une forme radicale de lutte"

Sur le sujet des violences et affrontements vis-à-vis de la police, Samuel nous répond que l’objectif n’est pas forcément un affrontement, mais « on est quand même dans une forme radicale de lutte et qu’il ne faudrait pas reculer« . Il argumente : « On a reculé face à la police jeudi, c’était notre première manifestation sauvage, on n’était pas très organisé. Il y avait beaucoup de jeunes qui étaient en seconde et qui n’avaient pas l’habitude, et cette fois-ci, c’était pas la peine d’aller à l’affrontement avec les forces de l’ordre […] Mais, si on était mieux organisés, on n’aurait pas reculé face à la police. » Il fait allusion à un face-à-face très tendu jeudi dernier devant la Cité des Congrès entre les forces de l’ordre et les manifestants. Ces derniers ont reculé avant la dernière sommation des policiers.

Pendant la manifestation sauvage, de nombreuses divergences ont été observées entre lycéens, notamment lorsque les manifestants ont dû suivre les motos de la police, avec plusieurs groupes qui souhaitaient continuer la manifestation, d’autres qui voulaient suivre la police et les syndicats. Samuel nous avoue que tout le monde n’était pas d’accord : « Il y avait beaucoup de gens inexpérimentés et qui avaient peur de la nasse. On était nombreux à être contre ceux qui ont suivi la police, mais ils ont créé un mouvement et on a préféré les suivre plutôt que de se diviser dans les rues nantaises. Mais on a une assemblée générale prévue samedi, et on va tenter de supprimer ces divergences et de mettre tout le monde d’accord. »

"On est dans un groupe autonome, et à priori radical"

Le « CLAN » veut-il s’imposer comme un mouvement radical de lutte sociale à Nantes? Ce serait leur objectif à terme, affirme Samuel : « On est dans un groupe autonome, et a priori radical. On ne va pas condamner le cassage d’abribus ou de banque, c’est un moyen de pression face au gouvernement.« 

Sur le sujet des manifestations hebdomadaires comme celles que le centre-ville de Nantes a pu connaître : « Pour l’instant, on n’a pas assez d’influence, mais à terme, on voudrait s’incarner comme un véritable mouvement autonome. On souhaite organiser des cortèges étudiants/lycéens, avec du soutien aux blocages de facs et étudiants. Ce que l’on veut à terme, c’est la convergence des luttes. Il faut rassembler le plus possible de groupes étudiants comme l’Union Pirate et des groupes d’étudiants.« 

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Le blocus du lycée Jules Verne jeudi matin | T.L. - INF Nantes

Samuel donne rendez-vous mardi prochain, où une nouvelle grève est organisée dans le monde de l’éducation et le cortège du « CLAN » devrait être « plus organisé et déterminé », nous confie-t-il.

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