En Loire-Atlantique et à Nantes particulièrement, les parents et les professeurs se mobilisent contre les réformes dans le secteur de l’éducation nationale, notamment le « Choc des Savoirs ». Samedi dernier, plus de 2000 personnes étaient encore mobilisées à Nantes selon les syndicats, pour protester contre ces réformes.
Nantes, l’épicentre d’une mobilisation qui s’annonce nationale ? Avec la Seine-Saint-Denis notamment, les parents et professeurs se mobilisent depuis plusieurs semaines dans la région nantaise contre la réforme du « Choc des savoirs », des groupes de niveaux en 6ème et 5ème dès l’année prochaine. Alors que peu de mobilisations sont constatées au niveau national, les actions s’enchaînent en Loire-Atlantique. Comment expliquer cette mobilisation au niveau local ? INF Nantes a interrogé un professeur et des parents d’élèves sur les revendications et les raisons d’un aussi fort rassemblement.
Pierric Rival, professeur de français au collège Lucie Aubrac à Vertou et représentant du syndicat SNES-FSU. Selon lui, c’est une mobilisation « par rapport au système éducatif et le Choc des savoirs voulu par le président de la République et le Premier ministre, Gabriel Attal anciennement ministre de l’éducation« . Pour le syndicaliste, c’est une réforme qui va de la maternelle au corps professoral et qui poserait énormément de problèmes, notamment le choc des niveaux dont les conséquences seraient catastrophiques.
La #manifestation continue autour du marché de la Petite Hollande avec un gros cortège à #Nantes contre le « choc des savoirs » et plusieurs revendications autour du secteur de l’éducation. pic.twitter.com/MzU0winP4Y
— INF Nantes (@InfNantes) March 30, 2024
Il explique également comment seront organisés ces groupes et les conséquences : « L’idée c’est que les élèves sont dans une classe, hormis en mathématiques et en français où ils seront dans un groupe. Par exemple, un tel sera en 6ème A, mais dans le groupe 2 de français et 4 de mathématiques. Les textes suggèrent fortement qu’il faut regrouper les élèves en difficultés dans certains groupes plus ‘allégés’. Ce sont des pratiques qui ont déjà été expérimentées il y a 30 ans, mais qui n’ont pas marché. Ils ne sont pas tirés vers le haut comme le prouvent les scientifiques. Et pour les élèves forts, ça ne va pas tant les tirer vers le haut que ça. Il y aura des évaluations tous les ans, du CP au terminal, où il y aura donc une pression très forte des familles pour que leurs enfants réussissent. De plus, les professeurs de français et de mathématiques pourront être professeurs principaux, le problème est que l’on a certains élèves que l’on ne verra jamais, par exemple si je suis professeur principal de la 6ème A, mais que je suis professeur de mathématiques du groupe 2 et que je n’ai que 3 élèves de la 6A, je ne verrai que ces 3 élèves de la 6A et les autres seront oubliés.«
Plusieurs mouvements politiques étaient également présents lors de la manifestation du 30 mars comme La France Insoumise qui dénonce ces groupes de niveaux « contre-productifs » et une réforme qui est une « escroquerie financière afin de réduire les coûts du service public de l’éducation« .
Un mouvement à l'initiative des parents
Samedi 30 mars, pour le deuxième samedi de suite, près de 2000 parents, professeurs et élèves étaient mobilisés pour une manifestation dans le centre-ville de Nantes selon les syndicats (900 selon la police). Le but est d’alerter et de protester contre les réformes du système éducatif. En plus des manifestations, plusieurs actions ont été organisées depuis plusieurs semaines sur Nantes et ses environs, avec des opérations « collège désert » où plus de 11 000 élèves n’ont pas pu aller en cours le jeudi 28 mars selon un syndicat. Selon une parent d’élève qui participe au mouvement, la mobilisation est montée petit à petit en Loire-Atlantique : « Au départ, c’était de mettre en retard nos enfants à l’école, puis qu’ils n’y aillent pas et l’une des dernières actions, ça a été de bloquer l’entrée des écoles en montrant qu’on n’est pas d’accord avec cette réforme là« .
Le mouvement est né suite à une prise de conscience des parents par rapport aux groupes de niveaux, et que les professeurs ne pouvaient pas s’organiser seuls nous explique des membres du mouvement, avant d’enchainer : « On était là pour apporter du soutien et créer du lien avec les autres établissements, dans un premier temps de Rezé, puis des parents d’élèves de Malakoff nous ont rejoint« .
Une mobilisation nationale en mai
La mobilisation est montée crescendo sur un groupe WhatsApp : « Puis il y a eu un groupe Whatsapp qui s’est créé, il y a 3 semaines, on était 40 parents le 17 mars, il y a une semaine on était 700 et là on est 2000 ce samedi 30 mars. En plus de ces manifestations et de ces mobilisations vis-à-vis des établissements, on réfléchit à de nouveaux moyens d’action. » Selon les dernières informations, le nombre de membres sur le groupe aurait encore augmenté de manière « significative ». Quand on demande aux parents présents ce samedi 30 mars pourquoi ils se mobilisent, la réponse est claire : « Je ne veux pas d’une société qui aura à trier des enfants. J’ai lu plusieurs études et c’est prouvé que cela ne fonctionne pas. À partir du moment où l’on dit à un enfant qu’il n’est pas bon en maths, il ne pourra pas progresser. Alors que si l’on croit en un enfant, qu’on lui dit qu’il va y arriver. Moi je crois que la classe est une mini-société où l’on apprend à vivre ensemble, si on n’apprend pas ça à l’école, comment feront-ils plus tard« . L’idée d’une mobilisation nationale à Paris en mai est également partagée par ces parents.
En attendant, ce mardi 2 avril, des barrages filtrants ont été organisés par des parents contre ce choc des savoirs et une nouvelle manifestation était organisée ce samedi 6 mars à Nantes.