Exercice tempête submersion à La Rochelle : Des leçons à tirer pour améliorer la gestion des futurs évènements météorologiques

Ce jeudi 10 avril marquait le second jour de l’exercice de tempête et de submersion « Éole », concluant deux demi-journées intenses d’entraînement dans l’agglomération de La Rochelle et permettant de tirer les premières leçons en vue de futurs événements météorologiques.

Une cellule de crise a été organisé entre la mairie et l'agglomération de La Rochelle | TL - INF la Rochelle
Une cellule de crise a été organisé entre la mairie et l'agglomération de La Rochelle | TL - INF la Rochelle

« On vient de vivre un exercice d’une ampleur inédite », résume Brice Blondel, préfet de Charente-Maritime. Entouré de Jean-François Fountaine, le maire et président de l’agglomération, et de Cindy Leoni, de la sécurité civile, un premier bilan a été tiré de l’exercice tempête submersion « Éole », qui s’est tenu ce mercredi et jeudi, mobilisant près de 500 participants dans les 28 communes de l’agglomération.

Le scénario de la tempête fictive simulait une vigilance rouge vague-submersion, équivalente à un niveau de la mer 10 centimètres inférieur à celui connu lors de Xynthia, ainsi qu’une vigilance orange pour vent violent et pluie. Ce jeudi matin, après le passage de la tempête et une première journée de préparation durant laquelle les communes de l’agglomération et la préfecture s’étaient préparées à son arrivée, avec la prévention de la population, les premières évacuations et la mise en place de dispositifs de protection, il faut désormais gérer les éventuels dégâts et les personnes blessées par le phénomène.

À La Rochelle, le centre de crise communal et de l’agglomération a été activé. Dès 8h, le maire et ses équipes de la ville/agglo, comme la police municipale ou le port de plaisance, ont constaté les dégâts survenus durant la nuit : chutes d’arbres, ruptures de digues dans l’agglomération, ou encore une station de pompage inondée, dont le personnel a été évacué. Même situation en préfecture, où le COD (Centre opérationnel départemental) a été activé, afin de gérer la coordination des services de secours et des collectivités. Des points de situation étaient organisés régulièrement entre l’agglomération et la préfecture.

Le directeur du cabinet du préfet, Pierre Louis Sire, dans la cellule de crise | TL- INF la Rochelle
Le directeur du cabinet du préfet, Pierre Louis Sire, dans la cellule de crise | TL- INF la Rochelle

Près de 1200 incidents fictifs

En tout, les 28 communes du territoire, l’agglomération et la préfecture ont eu à gérer près de 1 200 incidents fictifs, du petit appel pour savoir si le vol était maintenu jusqu’à des évacuations et des fermetures de routes. Une école a par exemple été évacuée à Saint-Vivien, avec les élèves transportés dans le gymnase, tandis qu’une digue a rompu dans le marais de Pampin. Il faut alors prévenir les habitants des maisons les plus proches du niveau de la mer, et peut-être les évacuer dans les situations les plus dangereuses.

La circulation autour du Vieux-Port était interdite encore ce jeudi à La Rochelle | TL - INF la Rochelle, route fermée, circulation interdite, route barrée
La circulation autour du Vieux-Port était interdite encore ce jeudi à La Rochelle | TL - INF la Rochelle

Des premières leçons à retenir

À l’issue de l’exercice, qui s’est conclu en fin de matinée, une conférence de presse s’est tenue à la préfecture afin de faire un premier bilan à chaud de l’exercice. Concernant FR-Alert, l’alerte qui a été activée sur tous les téléphones mercredi à 14h45, avec plus ou moins de succès, Brice Blondel, le préfet de Charente-Maritime, se veut rassurant : « On était simplement en mode exercice, il fallait paramétrer le téléphone quand ce mode est activé. Près de 5 000 personnes ont répondu aux questionnaires, dont la moitié ont indiqué ne pas connaître le dispositif […] Il faut acculturer la population à des scénarios de crise qui sont probables. »

En cas de situation réelle, l’alerte sonnera sur tous les téléphones, paramétrés ou pas, allumés ou éteints. Elle a déjà été engagée près de 62 fois en situation réelle depuis 2022. De plus, comme le rappelle Cindy Leoni, sous-directrice de la gestion de crise à la sécurité civile : « Les vecteurs d’alerte fonctionnent aujourd’hui, c’est un système d’alerte qui est une alternative à des systèmes déjà bien connus de la population comme les sirènes. » Elle relève également le bon fonctionnement dans l’organisation des collectivités, des services de l’État et des secours, un constat partagé par de nombreux acteurs de l’exercice.

Un premier point d’amélioration, cependant, qui a été relevé par le préfet, qui concerne le centre opérationnel départemental de la préfecture, où une seule personne faisait le lien avec les 28 maires de l’agglomération, ce qui était loin d’être suffisant. Jean-François Fountaine, le maire et président de l’agglomération de La Rochelle, a constaté qu’il fallait tenir au courant les communes de l’agglomération des mesures prises, comme la gestion des déchets, les transports… et la nécessité d’améliorer la fluidité. Un autre point concerne la présence des touristes, qui ont pu dans certains cas gêner l’installation des dispositifs de protection, et qui, en cas de réelle tempête, seraient susceptibles de ne pas respecter les règles mises en place.

Le centre opérationnel départemental a été activé à la préfecture afin de coordonner l'action des services de secours | TL - INF la Rochelle
Le centre opérationnel départemental a été activé à la préfecture afin de coordonner l'action des services de secours | TL - INF la Rochelle

"On le sait que ça va se multiplier"

« On le sait que ce genre d’événements va se multiplier. Je le rappelle, l’année dernière, on a eu 13 ouvertures du centre opérationnel départemental sur 31 jours, notamment liées à des inondations », explique Brice Blondel, qui souligne l’importance d’une bonne coordination afin de n’envoyer qu’une seule personne quand il y a un problème, au lieu d’en envoyer trois de différentes organisations. La coopération entre les communes est également essentielle dans ce genre d’événement : « Saint-Vivien, qui a peu de moyens, à côté de Châtelaillon, peut apporter des moyens nécessaires si la commune concernée subit des submersions, comme une barque supplémentaire par exemple. »

« La population est prête et elle est très heureuse de ce genre d’exercice », se satisfait Jean-François Fountaine, mentionnant les précédentes tempêtes qui ont frappé La Rochelle et le traumatisme pour certains habitants. Le retour d’expérience de l’événement pourra également aider d’autres territoires, relève le maire, qui n’ont pas les moyens de ce genre d’exercice, y compris dans des pays où la situation est déjà compliquée avec la gestion des tempêtes…

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