L’été est terminé en Charente-Maritime, l’occasion de faire un bilan de la sécurité estivale dans le département. Malgré un été atypique, marqué par les JO et les manifestations anti-bassines, les chiffres de la sécurité sont globalement bons, bien que l’on observe une hausse significative des infractions liées à la drogue. La question de l’accueil des gens du voyage suscite également des interrogations, avec un nombre en constante augmentation.
Autour de la table, Brice Blondel, le préfet, Arnaud Laraize, procureur de la République de La Rochelle, accompagné de son homologue de Saintes, ainsi que du commandant Johanne Gojkovic-Lette pour la gendarmerie et d’Anthony Touzet, directeur adjoint de la police dans le département. Pendant près d’une heure et quart, ils ont déroulé le bilan de la saison estivale qui s’est achevée dans le département, une saison peu commune comme le rappelle le préfet. Il est important de rappeler que, même si aucune épreuve des JO ne s’est déroulée dans le département, de nombreux policiers et gendarmes ont été envoyés en mission sur les sites olympiques (près de 45 % des effectifs de police et 164 gendarmes durant toute la période olympique). Par ailleurs, ces derniers n’avaient pas le droit de prendre de congés durant l’été, ce qui a permis de maintenir un niveau normal des effectifs en poste, entre 75 % et 100 %, avec l’aide des réservistes, qui étaient 200 chez les gendarmes et une trentaine chez les policiers. Il a été rappelé que, malgré ce manque de forces de l’ordre, aucun grand événement n’a été annulé et ils se sont tous déroulés dans de bonnes conditions, à l’instar des Francofolies.
En plus de cette contrainte olympique, un autre élément majeur s’est déroulé dans le département durant le mois de juillet, à savoir les manifestations des anti-bassines dans le Poitou, avec en point d’orgue la manifestation interdite du 21 juillet à La Rochelle, où plusieurs milliers de personnes étaient présentes, dont 500 « black bloc ». Malgré ce chiffre impressionnant, la manifestation a été contenue avec quelques dégradations et aucun blessé grave grâce à la dizaine de forces mobiles présentes et aux hommes de la police nationale. Plusieurs infractions pénales ont été relevées durant cet événement, indique le procureur de La Rochelle, Arnaud Laraize, dont le fait de participation à une manifestation interdite, l’intrusion dans un Ehpad ou encore la participation à un groupement en vue de commettre des dégradations. Malgré le nombre de « black bloc », peu de gardes à vue ont eu lieu, donnant suite à trois poursuites avec des convocations devant le tribunal correctionnel à la fin de l’automne.
La délinquance en baisse
Chaque année durant l’été, les côtes de la Charente-Maritime voient arriver un afflux massif de touristes, avec pour conséquence plus d’infractions et de délinquance. Par rapport à la période juin-juillet-août de 2023, la période 2024 a vu une baisse de la délinquance, a indiqué le préfet, avec une diminution de 8 % des atteintes aux biens, dont -10 % pour les cambriolages et les vols de véhicules. Une tendance également constatée à l’échelle nationale, mais plus marquée en Charente-Maritime. Brice Blondel a également mentionné dans son bilan une baisse des violences crapuleuses, tandis que les atteintes aux personnes sont stables ou en légère hausse. Le procureur de La Rochelle, Arnaud Laraize, a quant à lui signalé que le parquet, où ils étaient sept cet été à cause des Jeux Olympiques, a constaté une hausse importante des gardes à vue. Près de 155 personnes y ont été placées en juillet et 173 en août, contre 119 et 139 l’année dernière. Ce chiffre important a donné lieu à une soixantaine de déferrements durant l’été, avec notamment des comparutions immédiates et des personnes qui ont plaidé coupables. Cette hausse importante peut s’expliquer en partie à cause des JO, car les enquêteurs de la police n’avaient pas de vacances et en ont donc profité pour faire un déstockage des affaires en cours, avec une baisse de 10 % des procédures en stock au niveau de la gendarmerie et de la police. En termes de chiffres, le procureur a constaté une légère augmentation des violences intrafamiliales et sexuelles, mais une forme de stabilisation est observée.
Les infractions liées à la drogue en augmentation
Une autre donnée importante de la délinquance durant cette saison estivale concerne les infractions liées à la drogue, qui ont augmenté de plus de 20 %, indique le préfet de Charente-Maritime. Mais c’est en réalité un bon résultat, nous précise-t-il, car cette hausse serait due à l’intensification des contrôles liés aux stupéfiants, avec une présence accrue des forces de gendarmerie et de police sur le terrain. Pendant la conférence de presse, il a également été noté une augmentation très forte de la présence de cocaïne dans les saisies, et qu’il est désormais assez fréquent de la retrouver dans les analyses de stupéfiants au volant, par exemple. Il y a une inquiétude concernant la pénétration de la cocaïne dans tous les milieux sociaux, et plus globalement de l’ensemble des stupéfiants, que l’on peut retrouver partout, y compris dans les coins les plus reculés du département expliquait le procureur de Saintes, Benjamin Alla.
Concernant l’alcoolémie, le préfet a également alerté sur le taux d’accidents liés à la consommation de boissons alcoolisés. Avec 14 accidents mortels durant l’été, l’alcool est la première cause, avec près de 5 décès.
42 groupes de gens du voyage dans le département durant l'été
Durant ce point presse, il a également été question de la présence et de la gestion des groupes de gens du voyage qui sont présents dans le département durant la saison estivale. Près de 42 groupes ont visité le département durant l’été, sur près de 71 lieux de stationnement différents. Toutes ces occupations ne créent pas de difficultés, même si certaines donnent du fil à retordre aux autorités, avec des stationnements illicites concentrés sur les zones du littoral, un phénomène qui prend de l’ampleur chaque année. Pour donner un ordre d’idée, cette année, il a été constaté près de 130 semaines d’occupation durant l’été, un chiffre qui a doublé par rapport à 2022. Une préparation en amont a été effectuée cet été pour éviter les stationnements interdits, qui ont été réduits cette année par rapport aux précédentes. Mais le problème reste présent pour les élus et collectivités, constate le préfet, avec des procédures administratives pas toujours simples et un schéma des gens du voyage, qui permet la gestion et le stationnement de ces groupes, qui n’est pas respecté.
Malgré tout, les services de l’État et les collectivités tentent de régler ce problème, avec près de 60 médiations engagées pour résoudre les problèmes d’occupation illicite et montrer aux élus qu’ils ne sont pas abandonnés. De plus, près de 290 interventions des forces de l’ordre ont été recensées sur les camps, dont 70 pour cette question du stationnement. Le corps préfectoral s’est mobilisé pour les cas les plus problématiques, avec des médiations ou des procédures. Le préfet a également constaté une baisse des incidents entre les élus et ces groupes de gens du voyage.