L’octogénaire qui a percuté un groupe d’enfants à vélo le 5 juin 2024 à La Rochelle a été condamnée à 4 ans de prison avec sursis. Margot, 10 ans, avait perdu la vie et 7 enfants avaient été blessés.
C’est un drame qui avait marqué les esprits à La Rochelle. Le 5 juin 2024, en milieu de matinée, un groupe d’enfants en sortie scolaire emprunte à vélo l’avenue Coligny, à quelques pas du centre-ville, sur un axe limité à 30 km/h. C’est alors qu’une voiture, une Twingo jaune, arrive à contresens et se déporte subitement sur le groupe d’enfants qui circulait à droite en remontant l’avenue. Conduit par une femme de 83 ans, le véhicule percute frontalement le groupe d’enfants. La conductrice continue sa route avant d’être arrêtée par un témoin, qui la fait revenir sur les lieux de l’accident, où elle reste dans son véhicule jusqu’à l’arrivée des secours.
Inconnue des services de police et négative aux tests de stupéfiants et d’alcoolémie, elle est interpellée avant d’être placée en garde à vue, puis hospitalisée en raison de son état de santé. Margot, 10 ans, perd la vie suite à la collision, tandis que 7 enfants sont blessés, dont plusieurs gravement. La conductrice a été poursuivie pour des faits d’homicide involontaire et de blessures involontaires par conducteur de véhicule, délits aggravés par la circonstance de délit de fuite. Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet, qui avait requis 4 ans de prison avec sursis, ainsi que la peine complémentaire d’annulation du permis de conduire avec interdiction de le repasser pendant 5 ans, et enfin la confiscation du véhicule, le tout avec exécution provisoire.
Un manque d'empathie et d'émotions
Durant le procès qui s’est tenu le 1er juillet au tribunal correctionnel de La Rochelle, l’enjeu était de savoir si les problèmes cardiaques de la mise en cause pouvaient atténuer, voire abolir, sa responsabilité pénale, comme l’indique Arnaud Laraize, le procureur de La Rochelle. Le tribunal a déterminé qu’elle était consciente de ses problèmes cardiaques et qu’elle a pris le volant malgré cela, avec les risques que cela pouvait entraîner. Durant le procès, des doutes avaient été émis sur la prise de plusieurs médicaments qui allaient dans ce sens, malgré le fait que l’octogénaire indiquait avoir arrêté de les prendre. Elle indique avoir eu un trou noir et fait un malaise, en étant très confuse également sur sa fuite après l’accident.
La conductrice a montré peu d’émotions et d’empathie envers les nombreuses familles des victimes présentes au procès, excepté à la fin de l’audience, où elle a présenté quelques mots d’excuse, limite forcés, aux parents présents dans la salle, et notamment à ceux de Margot. Camille Paineau, la maman de la fillette, a témoigné de son côté du vide que la mort de sa fille avait entraîné, dans une grande émotion et dans une salle où les sanglots des parents étaient nombreux. Bon nombre d’entre eux ou leurs enfants connaissaient la fillette, comme l’avocat de parents d’une fillette blessée qui témoignait que Margot avait dormi chez leur fille peu de temps encore avant l’accident.
Camille Paineau se bat désormais pour que ce type de drame n’arrive plus, avec l’instauration d’un examen à partir d’un certain âge et une loi sur la capacité à conduire avec une association.