Ce jeudi 13 novembre, un jeune couple était jugé pour des faits de dégradations après des tags accusateurs réalisés en fin d’année dernière à l’université de La Rochelle, visant son président ainsi que des membres du bureau des étudiants.
C’est une affaire qui avait créé l’émoi au sein de la communauté étudiante rochelaise. En fin d’année dernière, plusieurs tags sont apparus sur les murs de l’université, ciblant le président, Jean-Marc Ogier, ainsi que des membres du bureau des élèves. Dans un contexte d’élection étudiante, ces inscriptions les accusaient d’avoir couvert des violences sexistes et sexuelles au sein de l’établissement, ainsi que des détournements de fonds. Des plaintes avaient alors été déposées par les personnes visées, et l’auteur des faits, une étudiante en licence de droit à l’époque, avait été interpellée et placée en garde à vue, où elle avait reconnu les faits après avoir été identifiée grâce aux caméras de surveillance.
En septembre, une décision disciplinaire l’exclue pendant trois ans de l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur en France. Elle était convoquée ce jeudi 13 novembre, cette fois sur le plan pénal, devant le tribunal correctionnel de La Rochelle, aux côtés de son compagnon, pour répondre de faits de dégradations.
"Il y a eu une rupture de confiance avec la direction"
La jeune femme, qui avait débuté en septembre sa première année de master à Paris, a expliqué son geste à la barre : « J’ai toujours été quelqu’un de très engagé, ayant moi-même été victime d’une agression sexuelle reconnue par la justice. » Qu’est-ce qui l’a poussée à réaliser ces tags ? Élue au conseil d’administration de l’université au moment des faits, elle dit avoir commencé à remarquer des comportements « pas normaux », à propos desquels elle a tenté d’alerter d’autres élus et des professeurs.
« Sauf qu’on ne nous écoutait absolument pas et, en septembre 2024, il y a eu une rupture de confiance avec la direction […] J’étais désespérée, je voulais dénoncer ces faits », a indiqué la mise en cause à la barre. Des raisons qui l’auraient conduite à réaliser ces tags, en compagnie de son petit ami. Ce dernier reconnaît l’avoir accompagnée sans réaliser pour autant des tags afin de la protéger, même s’il dit avoir tenté de la dissuader et de privilégier d’autres démarches légales.
"Un impact sur la communauté étudiante"
L’avocat de l’université, de son côté, a dénoncé un dossier loin d’être anodin et souligné « l’impact sur la communauté étudiante » que cette affaire a eu, estimant qu’elle avait « remis en cause la gouvernance » de l’établissement. « Il y avait une crainte légitime que ces faits puissent se reproduire », a précisé maître Adrien Souet, qui réclamait plus de 10 000 € au titre des dégradations causées par les tags.
Les trois étudiants visés par les inscriptions et ayant porté plainte pour diffamation ont vu leur constitution de partie civile jugée irrecevable. Le tribunal a finalement requalifié les faits en dégradations et complicité de dégradations contre des biens publics, et a condamné le couple à effectuer un stage de citoyenneté dans un délai de six mois, bien loin des travaux d’intérêt général initialement requis par le procureur. Ils devront également payer solidairement près de 3 190 € pour le préjudice matériel subi par l’université, 800 € de frais d’avocat et 1 € pour le préjudice moral.
L’affaire n’est toutefois pas close pour l’étudiante, qui a fondé à Paris une association dédiée à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes et affirme qu’elle ne « recommencera pas » ce genre de geste. Elle a également fait appel de sa sanction disciplinaire, espérant voir lever ses trois ans d’exclusion et pouvoir reprendre sa vie étudiante.