Le conseil municipal de La Rochelle a tourné au règlement de comptes ce lundi soir. Les mots d’une conseillère municipale ont notamment créé l’émoi, tandis que des échanges tendus ont éclaté entre deux élus de la majorité. Le maire a également été vivement attaqué sur la question d’une campagne aux frais de la ville.

« C’est ridicule ce qu’il se passe » Les mots forts d’un proche de la majorité municipale traduisent l’ambiance au conseil municipal ce lundi soir. Un conseil qui a pris des airs de campagne électorale six mois avant le premier tour des municipales. Dès le début, au second point d’information sur la question du logement, l’intervention de Séverine Carrier, conseillère municipale d’opposition du groupe « Le Renouveau », a mis le feu aux poudres : « Les gens ici ont parfois du mal à se loger, y compris les Rochelais de souche. » Ce dernier mot a créé l’indignation dans la majorité, qui s’est exclamée après ses propos. Séverine Carrier, elle, s’est dite « effarée » devant ces réactions et a dénoncé « l’irrespect total ».
Jean-François Fountaine, l’ancien maire depuis juin, s’est ému de ces propos, indiquant que c’était la « première fois dans ce conseil municipal que j’entends parler du mot « Rochelais de souche ». Le Front National n’est jamais entré dans cette enceinte et n’a jamais fait de score à La Rochelle. » Le président de l’agglomération a ainsi dénoncé le fait que la conseillère municipale du Renouveau utilise les formules du parti. « C’est honteux, vos propos. On est dans une ville maritime, d’échanges, on accepte les gens qui viennent de tous les pays […] Évitez d’utiliser ces formules, notre ville est une digue contre ces idées-là. »
L'opposition dénonce la campagne du maire avec les moyens municipaux
De son côté, Thierry Tougeron, conseiller municipal d’opposition du Renouveau, s’est vivement attaqué à Thibaut Guiraud, maire de La Rochelle : « Vous pensez pouvoir être au-dessus des lois ? La loi interdit d’utiliser les moyens de la ville pour faire campagne. » L’élu d’opposition dénonce ainsi les nombreuses réunions publiques qui vont être organisées dans les prochaines semaines dans plusieurs quartiers rochelais. « Vous jouez à la frontière entre communication municipale et propagande, frontière qui a été franchie. » Il pointe également le dossier de presse de rentrée du maire, constaté par huissier, qu’il estime illégal. De plus, toutes les réunions publiques seront enregistrées et constatées par huissier. « Le contribuable n’est pas une vache à lait », conclut Thierry Tougeron.
Thibaut Guiraud, serein, a rappelé qu’il n’était toujours pas candidat à ce jour et que la loi ne s’appliquait pas aux dispositifs déjà existants, comme la lettre du maire, la conférence de presse de rentrée ou les réunions publiques organisées chaque année. Il assure que tout a été vérifié par ses services afin de garantir la légalité.
Jean-Marc Soubeste, conseiller écologiste, s’est dit « choqué » par les propos tenus lors d’un hommage à Léonce Vieljeux début septembre. « C’est le discours d’un candidat aux élections municipales […] J’ai entendu beaucoup de discours et je n’ai jamais entendu quelqu’un parler autant de l’avenir […] Je l’ai personnellement perçu ainsi, et je ne suis pas le seul », s’est exclamé le potentiel candidat aux municipales de 2026.
Des tensions au sein même de la majorité
Cependant, les tensions se sont même importées au sein de la majorité municipale, avec un échange musclé entre le 6ème adjoint Tarik Azouagh et Christophe Bertaud, le second adjoint au maire. En effet, le premier a réagi à des propos d’Océane Mariel, la conseille municipale écologiste qui soulignait que des conseillers municipaux de la majorité présidentielle siégeaient au sein même de la majorité municipale, en réponse à une première remarque de l’élu. Tarik Azouagh a alors répondu : « Ici, dans cette majorité, on ne porte pas d’étiquette politique, on porte une majorité […] Moi-même, je n’en porte pas. Il n’y a pas de parti dans notre majorité. »
Un propos qui a provoqué un rire général et l’indignation de Christophe Bertaud face à son collègue : « Si, il y a des partis. Moi je suis Place Publique, elle est socialiste… Si, si, il y a bien des partis. » Tarik Azouagh a tenté de se rattraper : « On porte une voie commune, pas la voie de plusieurs étiquettes.«
Christophe Bertaud, qui a été nommé chef de file par Place Publique pour les municipales, a poursuivi en rappelant les partis politiques représentés au sein de la majorité, avant que Thibaut Guiraud n’intervienne pour demander à passer à autre chose afin de conclure l’intervention mouvementée de son collègue. Il a même tenté de calmer son second adjoint discrètement : « Chut, attends, attends… »
La séquence s’est finalement conclue avec l’ouverture d’un autre dossier épineux, Marcel Paul. L’ambiance n’était donc pas vraiment au rendez-vous, à six mois des élections municipales, au sein du conseil municipal.