Retour de La Belle du Gabut à La Rochelle cet été : « On se réserve le droit d’attaquer en justice », prévient l’UMIH

La conseil municipal devrait voter ce lundi l’attribution d’une concession de 10 ans à la société « Petite Lune », qui gérait La Belle du Gabut jusqu’en 2020. La structure devrait revenir sous une forme similaire jusqu’en 2026, avant d’être installée dans des bâtiments réhabilités sur le même espace. L’UMIH, le syndicat de l’hôtellerie-restauration, est inquiet quant au retour de l’établissement et n’exclut pas une attaque en justice.

La réhabilitation de 2 des 3 bâtiments de la friche du Gabut devrait coûter 2 millions à la société "Petite Lune" | Google Maps 2025
La réhabilitation de 2 des 3 bâtiments de la friche du Gabut devrait coûter 2 millions à la société "Petite Lune" | Google Maps 2025

Elle n’est pas encore revenue, mais « La Belle du Gabut », cette guinguette qui était devenue populaire entre 2017 et 2019, est à nouveau au cœur des débats et des tensions, notamment entre les restaurateurs de l’UMIH et la mairie de La Rochelle. Une réunion était organisée ce jeudi après-midi à l’hôtel de ville afin de pouvoir discuter avec le syndicat et rassurer ses membres. Dominique Guégo, 4ᵉ adjoint au maire, a détaillé le retour de l’établissement exploité par la société « Petite Lune ». « C’est un emplacement exceptionnel au pied de la tour Saint-Nicolas, de près de 5000 m² dont la ville est propriétaire depuis les années 80″, explique-t-il. Un hôtel devait s’implanter sur le lieu, mais cela ne s’est pas fait et, depuis Xynthia, la réglementation s’est durcie, ce qui rend impossible de nouvelles constructions.

La mairie a lancé une concertation afin de redynamiser le lieu, qui a accueilli de 2017 à 2019 « La Belle du Gabut », une guinguette. Après plusieurs ateliers et une consultation sur Internet, il en est ressorti que les Rochelais plébiscitaient ce lieu de vie, qui accueille désormais un terrain de basket, de pétanque ainsi qu’un espace pour les graffitis, explique l’adjoint, qui ajoute : « Ils voulaient de ce site une zone ouverte et gratuite pour fêter des évènements culturels, sportifs, des séances de cinéma en plein air… et qu’on puisse, en toute convivialité, y boire un verre et s’y restaurer dans une ambiance conviviale et transgénérationnelle. Ils ont également exprimé le fait que les trois bâtiments soient réhabilités, car ils présentent maintenant un certain danger ».

Dominique Guégo est le 4ème adjoint au maire, chargé du patrimoine municipal ainsi que de plusieurs délégations | TL - INF la Rochelle
Dominique Guégo est le 4ème adjoint au maire, chargé du patrimoine municipal ainsi que de plusieurs délégations | TL - INF la Rochelle

2 millions d'euros de réhabilitation, des food trucks les deux premières années

« La ville a essayé d’exploiter le site par ses propres moyens, mais ce n’est pas la vocation d’une ville et nous n’avons pas les moyens techniques suffisants pour animer un tel site. C’est pourquoi nous avons envisagé de laisser un professionnel animer et gérer ce site […] et programmer un certain nombre d’évènements, ainsi que d’encadrer un les associations qui souhaitent s’y produire ». Ainsi, 2 bâtiments sur 3 devraient être cédés. Cependant, l’adjoint au maire tient à rassurer : « La ville veut garder la main sur ce site et qu’il n’y ait pas de cession, ni de privatisation. Nous voulons rester dans une forme de gouvernance avec un comité de suivi ».

De plus, la réhabilitation des 2 bâtiments devrait coûter 2 millions d’euros à la société, qui aura une concession de 10 ans. Le dernier bâtiment, un hangar, sera lui pris en charge par la ville. « La procédure est extrêmement cadrée par la commande publique », précise l’adjoint, qui indique que 20 dossiers ont été retirés, avec uniquement 2 qui ont été rendus, et un cahier des charges très lourd. Après des auditions, c’est donc la société « Petite Lune » qui a été choisie et à qui devrait être attribuée la concession lundi soir lors du vote du conseil municipal. Elle avait notamment exploité le site entre 2017 et 2019 avec « La Belle du Gabut ». « Les conditions seront différentes avec l’aspect bâtimentaire, on est très soucieux du commerce local. On a peut-être eu quelques erreurs ou une évolution mal maîtrisée à l’époque, mais aujourd’hui nous avons encadré cela, on est très attaché ce qu’il n’y ait pas une forme de concurrence déloyale […] On tient vraiment à ce que ce soit équitable avec les restaurateurs, il faut être persuadé de ça, on sera implacable sur les contrôles. »

Comme à l’époque, des food trucks seront installés dehors avec une terrasse pendant les 2 premières années, qui seront transitoires, indique Dominique Guégo, qui ne souhaite pas définir la structure comme une guinguette. Puis, l’établissement s’installera à l’intérieur des bâtiments avec des contraintes horaires. « C’est une Belle du Gabut améliorée », explique l’adjoint. L’établissement portera-t-il le même nom ? On ne sait pas encore, mais le concept restera visiblement similaire, avec plus de contraintes cependant. Le budget prévisionnel est de 2 millions d’euros pour l’établissement, qui sera ouvert d’avril à octobre.

Guillaume Jacques est le président de l'UMIH 17 | TL - INF la Rochelle
Guillaume Jacques est le président de l'UMIH 17 | TL - INF la Rochelle

L'UMIH craint une concurrence déloyale

L’UMIH Charente-Maritime, le syndicat de l’hôtellerie-restauration, craint, lui, de son côté une concurrence déloyale, comme ce fut le cas à l’époque avec « La Belle du Gabut », avec, selon lui, certains restaurateurs qui perdaient jusqu’à 20 % de leur chiffre d’affaires. Son président, Guillaume Jacques, a lancé une pétition et a été reçu en mairie afin de discuter avec les élus en charge du dossier, craignant une concurrence déloyale. « On est là pour dire à quel point on est inquiet et exprimer le mécontentement concernant ce que va devenir le Gabut […] C’est le retour de quelque chose qui a existé et qui était catastrophique pour nos métiers, « La Belle du Gabut », qui sera installée en dur et pas dans un cadre estival, mais installée à l’année ».

Guillaume Jacques dénonce l’installation de l’établissement dans un contexte économique déjà difficile pour les restaurateurs, se demandant si ce projet est vraiment urgent et nécessaire à ce qu’il sorte de terre maintenant. « On demande pour l’instant que ça s’arrête purement et simplement […] Si la mairie refuse, on se réserve le droit d’attaquer en justice », prévient le président de l’UMIH 17, qui demande à être écouté par les élus.

L’espace du Gabut continue d’alimenter les tensions entre les restaurateurs et la mairie. Pour rappel, la Dimancherie, qui se tient également au Gabut, avait été décrié par l’UMIH, qui dénonçait notamment les débits de boissons. On ne sait toujours pas d’ailleurs si l’évènement, qui rassemble plusieurs milliers de personnes le dimanche soir, reviendra sur le Gabut, alors qu’il se tient pour le moment à La Sirène, loin du centre-ville.

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