La Rochelle : l’abattage de plusieurs centaines d’arbres près de l’aéroport fait polémique

Afin de se conformer aux exigences de sécurité aérienne, près de 600 arbres vont être abattus dans le parc de la Faucherie, une zone boisée située à proximité de l’aéroport. La mesure fait polémique et une manifestation est organisée ce dimanche.

599 arbres pourraient être abattu dans le bois de la Faucherie | TL - INF la Rochelle
599 arbres pourraient être abattu dans le bois de la Faucherie | TL - INF la Rochelle

C’est un sujet qui risque de faire parler, à cinq mois des élections municipales. Le bois de la Faucherie situé sur la commune de La Rochelle, pourrait voir plus de 599 de ses arbres abattus. La raison ? La proximité avec l’aéroport de La Rochelle – Île de Ré et une directive européenne qui, pour des exigences de sécurité, impose la suppression d’une partie de la zone boisée, pourtant située sur un terrain privé appartenant à une famille propriétaire d’un château sur le même domaine.

Concrètement, les arbres visés seraient trop élevés et trop proches de la piste, ce qui poserait un problème de sécurité pour l’atterrissage des avions et pourrait entraîner un déclassement de l’aéroport au 31 décembre 2025, fin du délai accordé par la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) pour se mettre en conformité.

Un arrêté publié le 6 novembre sur le site de la préfecture autorise la coupe et l’élagage du bois de la Faucherie, et accorde une « dérogation à l’interdiction de capture ou perturbation de spécimens et de destruction d’habitats d’espèces animales protégées » afin de mettre l’aéroport aux normes. L’opération a également reçu le feu vert de la Commission nationale de la protection de la nature le 3 octobre dernier.

"Les Rochelais ne pourront plus partir à droite ou à gauche en avion"

Une polémique dont le nouveau maire de La Rochelle, Thibaut Guiraud, se serait bien passé. Le premier magistrat a rappelé qu’en 2014, 1 130 arbres devaient être abattus en application de cette législation européenne, puis en 2024, le chiffre qui a désormais été réduit à près de 599 arbres dans le bois de la Faucherie. Il tient également à souligner qu’aucune dérogation n’a pour l’instant été accordée à l’aéroport, contrairement à ce qui a pu être dit, mais qu’un délai supplémentaire a simplement été accordé afin de se mettre en conformité d’ici le 31 décembre. Ce délai permettra ensuite à l’aéroport d’obtenir une dérogation permanente pour l’accueil des avions. 

Il rappelle également les conséquences si les arbres n’étaient pas abattus d’ici le 31 décembre : « À un moment donné, j’ai des responsabilités et je dois mettre la sécurité avant toute chose. […] Si les arbres ne sont pas coupés, les Rochelais ne pourront plus partir en avion, ce qui risque d’entraîner la fermeture de l’aéroport, car les compagnies ne l’exploiteront plus. » Lors d’une réunion publique hier soir à la Pallice, le maire a même indiqué que la fermeture de l’aéroport entraînerait celle de la tour de contrôle, indispensable pour l’envol des hélicoptères du SAMU ou de la sécurité civile afin d’intervenir, par exemple, sur l’île de Ré.

Cependant, le candidat annoncé de la majorité municipale pour les prochaines élections réclame davantage de replantations et précise qu’il ne signera pas la déclaration préalable, document indispensable sans lequel les travaux ne pourront pas commencer, tant que l’aéroport ne présentera pas un plan concret et satisfaisant de compensation pour les arbres abattus. Selon lui, le plan actuellement proposé reste insuffisant. La situation reste donc bloqué pour le moment.

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L’aéroport de La Rochelle – Île de Ré a jusqu’au 31 décembre pour que les arbres soient coupés | Image d’illustration

"Révolté face à ce massacre à la tronçonneuse qui s'annonce"

Jean-Marc Soubeste, conseiller municipal écologiste qui a révélé cet abattage massif lors du conseil municipal du 17 novembre dernier, s’est insurgé contre cette décision : « L’inventaire qui a été réalisé sur ce parc méconnaît complètement la biodiversité et sa richesse, notamment celle des chiroptères qui sont en période d’hivernage et qui, aujourd’hui, vont être massacrés par ces travaux. […] Le dispositif de sécurité fonctionne aujourd’hui, puisqu’il y a des centaines, voire des milliers de passagers qui atterrissent depuis 40 ans sur cet aéroport. Et on ne comprend pas qu’on sacrifie 600 arbres, la biodiversité, alors que d’autres solutions sont certainement possibles. »

Olivier Falorni, député de La Rochelle – Île de Ré, s’est lui dit « sidéré et révolté face à ce massacre à la tronçonneuse qui s’annonce ». Le potentiel candidat aux élections municipales a souhaité rappeler que le patrimoine rochelais « n’est pas uniquement l’hôtel de ville, les tours, mais aussi le patrimoine environnemental avec le parc de la Faucherie […] C’est bien beau de se gargariser d’être un territoire zéro carbone et, en même temps, de massacrer 600 puits de carbone, puisqu’un arbre absorbe en moyenne plusieurs dizaines de kilos de CO₂ par an et, en 100 ans, environ une tonne de CO₂. »

Il est également revenu sur la rumeur selon laquelle cet abattage pourrait permettre l’accueil de gros porteurs : « Il faut garder l’équilibre de l’aéroport […] Si la volonté derrière est de vouloir faire atterrir des avions de ce type, je le dis : c’est non, et je m’y opposerai. ». L’aéroport de La Rochelle – Île de Ré ainsi que le maire de La Rochelle, Thibaut Guiraud, ont par ailleurs démenti cette information.

Une manifestation le 7 décembre

Face à la menace de l’abattage, ses opposants ont créé le « Collectif de défense du parc classé de la Faucherie ». Son porte-parole, Nicolas Gendre, indique qu’un accord avait été signé en 2024 entre les propriétaires du terrain, qui font par ailleurs partie du collectif, mais qui évoquait à l’époque l’abattement de 120 arbres. Ces derniers seraient désormais opposés au nouveau plan d’abattage, selon le collectif, qui appelle à un grand rassemblement le dimanche 7 décembre à partir de 11h sur le site pour dire non à cet abattage.

Plusieurs associations appellent d’ores et déjà à se joindre à la mobilisation et Thomas Brail, connu pour son combat en faveur des arbres et fondateur du GNSA (Groupe national de surveillance des arbres), sera présent.

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