La Rochelle : « Il y a une banalisation du trafic de drogue » selon Myriam Akkari, cheffe de la police en Charente-Maritime

Interview. Myriam Akkari, directrice interdépartementale de la police nationale en Charente-Maritime, a dressé le bilan de l’année 2024 et présenté les priorités en matière de sécurité publique pour l’année à venir dans la zone de La Rochelle.

Myriam Akkari est directrice interdépartementale de la police en Charente-Maritime | TL - INF la Rochelle
Myriam Akkari est directrice interdépartementale de la police en Charente-Maritime | TL - INF la Rochelle

« On a des tendances qui se confirment ou qui commencent à s’infirmer », selon Myriam Akkari, commissaire divisionnaire à La Rochelle et patronne de la police en Charente-Maritime. Elle a livré auprès d’INF la Rochelle, le bilan de l’année 2024 pour la sécurité publique à La Rochelle et les priorités pour l’année à venir, notamment avec le plan d’action départemental pour la restauration de la sécurité au quotidien.

Une augmentation des atteintes aux biens et aux personnes

« La tendance qui se confirme, ce sont les atteintes aux personnes, qui sont en augmentation de 5 % en 2024 et qui restent à la hausse sur les cinq dernières années. Il y a également une augmentation des atteintes aux biens, avec les vols par effraction sur les habitations à La Rochelle » pour Myriam Akkari. Elle déplore le manque de dispositifs de sécurité dans les maisons et appartements : « Ce n’est pas encore entré dans les mœurs. On a des faits commis en série, avec des interpellations généralement en flagrant délit. »

Cependant, bonne nouvelle, les violences intrafamiliales ont, elles, diminué à La Rochelle, contrairement au reste du département. « Il y a une légère baisse de 6-7 %, cela reste encourageant pour nous. On a peut-être passé le pic après une augmentation ces cinq dernières années.« 

"On est très vigilant dans le centre-ville, notamment la place de Verdun"

« On a une augmentation de l’activité sur la gestion des consommateurs et des usagers revendeurs », indique la commissaire divisionnaire concernant le trafic de stupéfiants.

Peut-on pour autant dire qu’il y a une augmentation du trafic de drogue à La Rochelle ? « Cela fait cinq ans que je suis là, je ne suis pas sûr qu’il y ait une augmentation. Mais il y a une banalisation du trafic de drogue : quand on regarde qui va sur les points de deal, on n’a pas que des Rochelais issus des quartiers, on a également des personnes qui viennent du milieu rural et, plus généralement, l’ensemble des profils. On a une augmentation de la conduite sous stupéfiants, avec deux drogues notamment qui sont les plus contrôlées par les services de police, à savoir le cannabis et la cocaïne. Cette dernière a bien augmenté ces dernières années et on la constate régulièrement. »

Concernant la lutte contre la vente de stupéfiants, elle indique : « On a une satisfaction sur les trafics démantelés, afin de faire tomber les équipes des trafiquants. On a des effectifs qui connaissent bien le terrain. Mais cela implique une enquête de plusieurs semaines afin d’avoir assez d’éléments et de pouvoir envoyer les individus au pénal. […] On a aussi des dispositifs qui sont plus difficiles à élucider, avec des appartements qui peuvent servir pour le deal, notamment des locations, par exemple l’été, pour le ‘deal saisonnier‘. On a des dealers qui viennent pour faire de la vente façon ‘Airbnb‘. La police travaille aussi dans les transports, comme avec la SNCF et les réseaux de bus, avec qui elle est partenaire afin de mener des contrôles. L’objectif est d’être visible et de se montrer sur les secteurs les plus touchés. On est très vigilants sur le centre-ville et sur les quartiers prioritaires de la politique de la ville, comme la place de Verdun, qui fait l’objet de contrôles extrêmement réguliers. »

"Il faut un rapprochement entre la police et la population"

Alors que le préfet a annoncé lundi dernier un plan d’action départemental pour la restauration de la sécurité au quotidien, Myriam Akkari revient sur son application à La Rochelle : « Le plan d’action va être mis en œuvre dès à présent. Concrètement, c’est plus de visibilité sur le terrain, avec des opérations coordonnées dans l’ensemble des circonscriptions avec des acteurs variés et certains partenaires, comme la SNCF ou la police municipale de La Rochelle. Il y a beaucoup d’événements organisés sur la ville avec qui on travaille, on les accompagne et on donne notre avis au niveau de la sécurité, comme par exemple avec des des matchs de rugby qui peuvent susciter une liesse populaire. Il y aura des semaines à thème pour lutter contre l’insécurité routière et, plus globalement, tout ce qu’on va mettre en œuvre pour lutter contre les violences intrafamiliales et le crime organisé. Il y a un esprit inter-administration qu’on veut perpétuer sur le long terme, avec des contrôles coordonnés sur certains domaines, sur le modèle de ‘Place Nette’. »

Au commissariat de La Rochelle, où près de 300 agents de police travaillent, un autre objectif est important pour la commissaire de police : « Un objectif qui est important pour nous, c’est le travail avec l’autorité judiciaire sur le stock de dossiers. On essaye d’avoir une politique commune entre les deux parquets et nous afin de conclure les affaires et que la population ait des réponses. Il faut également un rapprochement entre la police et la population, avec une augmentation de la présence sur la voie publique. De plus, on essaye de toucher les jeunes du département avec le concours de policiers adjoints pour qu’ils puissent rejoindre facilement nos rangs, ainsi qu’avec la réserve opérationnelle, qui compte une soixantaine de réservistes. Des sessions de formation sont organisées entre Bordeaux et La Rochelle, il suffit de se rapprocher du commissariat pour plus d’informations.« 

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